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DICTIONNAIRE DE DROIT CRIMINEL

- Professeur Jean-Paul DOUCET -

Lettre  E
(Seizième partie)

EXÉCUTEUR DE LA HAUTE JUSTICE

Cf. Bourreau*, Haute, moyenne et basse justice*, Piliers de justice*.

Dans l'Ancien droit français on parlait d’Exécuteur de la Haute justice, pour désigner la personne chargée de donner suite aux condamnations à mort ou à des peines corporelles, plutôt que de bourreau.

Signe Histoire Brillon (Dictionnaire des arrêts des Parlements de France, 1727) : En termes plus doux, le bourreau est appelé Exécuteur de la Haute-Justice... L’Exécuteur de la Haute-Justice ne peut pas demeurer dans Paris, à moins que ce ne soit dans la maison du Pilori, où son logement lui est donné par ses provisions.

Signe Doctrine Chauveau-Hélie (Théorie du Code pénal) : Un arrêt du Parlement de Paris condamna Jean Roseau, exécuteur de haute justice, à être pendu pour homicide, parce qu'il avait prêté son assistance à l’exécution du président Brisson, par le commandement de Rossi le Clerc, chef des ligueurs.

Signe Doctrine Dupin (Règles de droit et de morale) : Il parait que de tout temps les exécuteurs de haute justice ont partagé la dépouille des condamnés.

Signe Exemple concret Desmazes (Les pénalités anciennes) reproduit ce document comptable, daté du 28 janvier 1440 : Jehan Noël taxe à Guillaume Dubust, exécuteur de la Haute-Justice capitale à Lisieux, pour avoir traîné, décapité, écartelé et pendu Denis Lochetonne, la somme de quarante sols sournois, avec vingt deniers pour ses gens.

On disait aussi « Exécuteur des Hautes-œuvres », ou encore « Monsieur de Paris » (de Lille …).

Signe Exemple concret Balzac (Splendeurs et misères des courtisanes) : Avant la Révolution, dit-il, j'ai eu pour maîtresse une femme qui avait été entretenue par l'exécuteur des Hautes-œuvres qu'on appelait alors le Bourreau.

Signe Exemple concret Desmaze (Histoire de la médecine légale) : En démolissant des maisons, furent trouvés les squelettes de trois hommes morts, et, le lendemain, qui était dimanche, par ordonnance de Monsieur de Paris, furent faites processions générales autour de la Cité.

EXÉCUTION DES JUGEMENTS

Cf. Exécution des peines*, Formule exécutoire*, Jugement*, Réparations civiles*.

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « Le jugement pénal » (3e éd.), n° II-307, p.370

Signe Renvoi article Voir : Tableau des incriminations protégeant la fonction judiciaire  (selon la science criminelle)

Signe Renvoi article Voir : Tableau des incriminations protégeant le pouvoir judiciaire  (selon la science criminelle)

- Notion. Pour que force reste à la loi, il s'impose que les jugements rendus par les tribunaux soient ramenés à exécution par l'autorité compétente (voir : Exécution des peines*). .

Signe Doctrine Desportes et Le Gunehec (Le nouveau droit pénal T.I) : Il convient ici de se placer dans une perspective dynamique en examinant le processus de mise à exécution des jugements.

- Règle morale. Du moment où il a été établi en justice qu'il est bien coupable des faits qui lui sont reprochés, le prévenu a le devoir de se plier aux injonctions figurant dans le dispositif de l'arrêt .

Signe Philosophie Burlamaqui (Principes de droit naturel) : Le droit naturel... ordonne la réparation du dommage.

Signe Philosophie Gousset (Théologie morale) : De la réparation du dommage qu'on a causé par sa faute. On est obligé de restituer, non-seulement quand on a volé ou qu'on retient injustement le bien d'autrui, mais encore quand on a causé du dommage au prochain par sa faute, lors même qu'on n'en aurait tiré aucun avantage.

- Science criminelle. C'est à la partie poursuivant qu'il appartient de requérir l'exécution de la décision : Ministère public en ce qui concerne les peines, victime en ce qui concerne les dommages et intérêts. Si le condamné refuse de se soumettre à ces injonctions, le pouvoir exécutif est tenu de prêter main forte à l'exécution de la décision, comme le précise la formule exécutoire* .

Signe Doctrine Domat (Les quatre livres du droit public) : La seconde sorte de crimes sont ceux qui, outre qu'ils blessent l'ordre public, font tort à quelques personnes, comme le larcin, le vol, le péculat, la fausse monnaie, l'homicide, et autres... Ces crimes méritent, outre le châtiment, une réparation du dommage causé par le crime, comme la restitution de la chose dérobée, le désintéressement d'une veuve de qui le mari a été tué, et les autres semblables intérêts civils à qui ils sont dus.

Signe Jurisprudence Cour EDH. 11 juillet 2013, n°63684/09 (Gaz.Pal. 1er août 2013 p.22) : L'exécution d'un jugement ou arrêt doit être considérée comme faisant partie intégrante du "procès" au sens de l'article 6 Conv.EDH .

Signe Jurisprudence Cour EDH. 26 juin 2012, n°11472-04 (Gaz.Pal. 5 juillet 2012 p.30) : Selon la Cour, la responsabilité de l'État concernant l'exécution d'un jugement par une personne de droit privé peut se trouver engagée si les autorités publiques impliquées dans les procédures d'exécution manquent de la diligence requise ou encore empêchent l'exécution.
Dans la présente affaire, la Cour relève que les requérants ont subi les difficultés décrites ci-dessus dans l'exécution de leurs créances, à savoir le blocage de fait des procédures d'exécution en raison des actions ou omissions de l'Agence des créances publiques, de même que les délais excessifs d'examen des recours introduits par la société.
Partant, la Cour conclut qu'il y a eu violation de l'art. 6 § 1 de la Conv. EDH du fait des retards intervenus et des obstacles rencontrés par les requérants dans les procédures d'exécution des jugements rendus en leur faveur.

Signe Droit comparé Code de procédure pénale allemand, § 36 : Les décisions qui ont besoin d’une procédure d’exécution doivent être transmises au ministère public qui prend les mesures nécessaires.
§ 449 : Les jugements en matière pénale ne sont pas exécutoires avant d’avoir acquis l’autorité de chose jugée
.

- Droit positif. En France, l'article 707-1 C.pr.pén., faisant suite à l'article 165 du Code d'instruction criminel, dispose : "Le ministère public et les parties poursuivent l'exécution de la sentence chacun en ce qui le concerne".

Sur les aspects purement techniques de l'exécution du jugement, voir : Jugement (Exécution du)*.

Signe Doctrine Le Poittevin (Dictionnaire des Parquets) : Le Ministère public a pour mission de faire observer dans les jugements à rendre, les lois qui intéressent l'ordre général et de faire exécuter les jugements rendus (Loi des 16-24 août 1790, T.VIII, art. 1er) .

EXÉCUTION DES LOIS

Cf. Action publique*, Loi*, Pouvoir politique (exécutif)*, Procureur -procureur de la République*, Rébellion*.

- Principe. Pour assurer l'ordre public il ne suffit pas de promulguer des lois, il faut en outre veiller à leur application. C'est au Pouvoir exécutif qu'il appartient par priorité d'assurer l'effectivité des dispositions législatives et réglementaires.

Signe Philosophie Platon (Les lois) : Après avoir choisi l'emplacement de la cité, fixé le nombre des habitants et réparti la propriété, on nommera les magistrats chargés de veiller à l'exécution des lois.

Signe Philosophie Locke (Traité du gouvernement civil) : Le pouvoir exécutif comprend l'exécution des lois positives de l'État.

- Règle morale. D'un côté, les représentant du pouvoir exécutif sont tenus de veiller à ce que les lois et règlements pénètrent le droit positif ; de l'autre, les citoyens ont le devoir d'appliquer et de contribuer à l'exécution des lois.

Signe Philosophie Pufendorf (Le droit de la nature) : Il ne servirait de rien de faire des lois, si on les laissait violer impunément. Les Souverains doivent donc veiller incessamment à leur exécution, et punir les contrevenants, selon la gravité du fait, et l'intention ou le degré de malice du coupable.

Signe Philosophie Neufbourg (La loi naturelle) : La société ne peut se passer de chefs pour la défendre, l'administrer, y maintenir l'ordre, veiller aux intérêts généraux et assurer l'exécution des lois : on doit donc leur obéir et les seconder.

Signe Philosophie Bentham (Traité de législation civile et pénale) : Il y a une défaveur publique attachée à tous ceux qui se prêtent, en qualité d'accusateurs, à l'exécution des lois : préjugé stupide et pernicieux, que les législateurs ont eu souvent la faiblesse d'encourager, sans avoir fait le plus léger effort pour le vaincre.

Signe Philosophie Frank (La morale pour tous) : Autre devoir du citoyen envers l'État : il est obligé de prêter main-forte à l'exécution des lois, s'il en est requis par l'autorité compétente.

- Science criminelle. Encourent des sanctions pénales, aussi bien les agents publics qui ne procèdent pas loyalement à l'exécution des lois (Coup d'État* ou Corruption*), que les citoyens qui s'opposent à l'exécution des lois (Sédition* ou Rébellion*).

Signe Philosophie De Tocqueville (De la démocratie en Amérique) : Ce sont les magistrats municipaux que, le plus souvent, on charge de tenir la main à l'exécution des lois générales de l'État, ou de les exécuter eux-mêmes.

Signe Droit comparé Code pénal de Côte d'Ivoire. Art. 163 : Quiconque pouvant disposer de la Force publique, en requiert ou ordonne, en fait requérir ou ordonner l'action ou l'emploi pour empêcher l'exécution des lois sur le recrutement militaire ou sur la mobilisation, est puni de l'emprisonnement...

Signe Droit comparé Code pénal d'Argentine. Sedición - Art  230 :  Seront punis de un à quatre ans de prison... l ceux qui se seront publiquement soulevés pour empêcher l'exécution des lois nationales ou provinciales... quand le fait ne constituera pas une infraction plus gravement punie par ce code.

Signe Droit comparé Code pénal de Chine. Article 300 : Celui... qui sabote l'exécution des lois et des règlements en utilisant la superstition doit être condamné à pas moins de trois ans et à pas plus de sept ans d'emprisonnement.

- Droit positif. En droit français,  l'art. 433-6 C.pén. sanctionne la Rébellion* qui consiste dans le fait d'opposer une résistance violente à une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public agissant, dans l'exercice de ses fonctions, pour l'exécution des lois...
C'est par l'exercice de l'Action publique* que le Procureur de la République veille à l'application des lois.

EXÉCUTION DES PEINES

Cf. Décès du condamné*, Mort ou vif*, Peine*, Souscription*, Suspension de l’exécution de la peine*.

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « La loi pénale » (4e éd.), n° III-113, p.396 et s.

Signe Renvoi rubrique Voir :  Merle et Vitu, La mise à exécution des peines

Signe Renvoi rubrique Voir : Auteurs divers, Le régime pénitentiaire

Signe Renvoi rubrique Voir : Procès de Charlotte Corday (n°II-21)

Signe Renvoi rubrique Voir : Discours du Pape Pie XII, sur l'assistance aux prisonniers

Par son jugement, un tribunal met fin à sa saisine. C’est dès lors au ministère public, représentant du pouvoir exécutif, qu’il incombe de faire exécuter la décision à partir du moment où elle est devenue définitive (art. 708 C.pr.pén.).
- Le procureur de la République doit particulièrement veiller à ce volet de sa mission, afin d’assurer la prévention générale de la délinquance. À cet égard, l’exécution doit être, sinon publique, du moins portée à la connaissance du public.
- La peine doit en outre être exécutée par le condamné lui-même et ne pas être reportée sur un tiers.
- Le mode d'exécution de la peine ne doit pas aggraver les prescriptions législatives.

Signe Droit comparé Code de procédure pénale allemand, § 451 : L’exécution de la peine est assurée par le ministère public en tant qu’autorité d’exécution sur le fondement d’une expédition du dispositif du jugement certifiée, accompagnée de l’attestation du caractère exécutoire, qui doit être envoyée par le fonctionnaire du greffe préposé aux actes.

Signe Droit comparé Édit de Kiên Long de 1748 (cité par Philastre, Code de Gia Long) : Quant à la proposition de renvoyer le condamné étranger subir sa peine dans son propre pays, si on agissait ainsi, comment saurait-on si cette peine est effectivement appliquée ou non ? De cette façon, la mort de la victime pourrait rester sans vengeance.

Signe Jurisprudence Cass.crim. 3 octobre 1978 (Bull.crim. n° 255 p.667) : L’exécution d’une condamnation pénale ne peut avoir lieu que lorsque la décision est devenue définitive.

Signe Législation Déclaration des droits et devoirs de l'homme et du citoyen (Constitution du 5 fructidor an III) : Tout traitement qui aggrave la peine déterminée par la loi est un crime.

- Sursis à l'exécution. Il peut être sursis à l'exécution d'une peine dans certaines situations spéciales. Il en a longtemps été ainsi dans le cas de condamnation à mort d'une femme enceinte.
Il peut en être de même si l'intérêt général l'exige. Mais le Tribunal révolutionnaire ne l'a pas admis dans le cas du fondateur de la chimie moderne : Lavoisier.

Signe Histoire Wallon (Histoire du Tribunal révolutionnaire) : Lavoisier, prévoyant sa condamnation, avait demandé un délai de quinze jours : - " J'ai besoin de ce temps pour terminer des expériences nécessaires à un travail important dont je m'occupe depuis plusieurs années. Je ne regretterai point alors la vie. J'en ferai le sacrifice à ma patrie". Mais Coffinhal, qui présidait lui fit cette fière réponse : - "La République n'a pas besoin de savants ni de chimistes ; le cours de la justice ne peut être suspendu".

- Exécution des peines prononcées à l'étranger.

Signe Jurisprudence Cass.crim. 5 novembre 2014, n° 14-86553 : Il résulte de l'art. 695-24, 2°, que la remise peut être refusée, par les autorités françaises, pour l'exécution d'une peine privative de liberté si la personne recherchée est de nationalité française ou réside régulièrement de façon ininterrompue depuis au moins cinq ans sur le territoire national et que la décision de condamnation est exécutoire sur le territoire français en application de l'art. 728-31 du même code .

EXÉCUTION IMMÉDIATE

Cf. Imperium*, Jugement*.

En principe, la mise en œuvre d'un jugement du tribunal correctionnel est suspendue pendant la durée du délai d'appel ou du fait qu'un appel a été interjeté. Toutefois dans certains cas exceptionnels, par décision spécialement motivée, le tribunal peut ordonner l'exécution immédiate de certains éléments de la sanction prononcée (art. 471 al.4 C.pr.pén.).

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « Le jugement pénal » (3e éd.), n° II-308, p.371

Signe Doctrine Larguier (Procédure pénale) : Le principe est qu'il n'y a pas d'exécution provisoire... Il y a toutefois des exceptions au principe (c'est-à-dire qu'il y a alors exécution immédiate de la décision, l'appel ne produisant pas son effet suspensif)...Peuvent être déclarées exécutoires par provision : certaines peines complémentaires (ex. suspension du permis de conduire)...

Signe Jurisprudence Cass.crim. 2 novembre 2005 (Bull.crim. n°274 p.953) : Les peines complémentaires encourues pour certains crimes ou délits... peuvent en vertu de l'art. 471 al.4 C.pr.pén., être déclarées exécutoires par provision.

EXÉCUTION PROVISOIRE

Cf. Peine*, Souscription*, Suspension de l’exécution de la peine*.

En principe, la mise en œuvre d'un jugement du tribunal correctionnel est suspendue pendant la durée du délai d'appel ou du fait qu'un appel a été interjeté. Toutefois, dans des cas exceptionnels, le tribunal peut ordonner l'exécution provisoire de sa décision en matière civile (art. 464 al. 2 C.pr.pén.).

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « Le jugement pénal » (3e éd.), n° II-226, p.361

Signe Doctrine Vincent et Guinchard (Procédure civile) : On peut définir l'exécution provisoire : un bénéfice qui permet au gagnant d'exécuter un jugement dès sa signification, malgré l'effet suspensif du délai des voies de recours ordinaires ou de leur exercice. Il vaudrait mieux parler d'exécution immédiate... L'intérêt de cette institution se révèle très grand pour les plaideurs.

Signe Jurisprudence Cass.crim. 16 octobre 1968 (Bull.crim. n° 255 p.612) : L'art. 464 al.2 C.pr.pén. énonce une disposition exceptionnelle qui, dérogeant au principe général posé par l'art. 506 du même Code suivant lequel il est sursis à l'exécution du jugement pendant les délais d'appel et durant l'instance d'appel, doit être interprété restrictivement et ne peut s'étendre au-delà de ses termes mêmes.
Les juges ne sauraient notamment user de cette faculté lorsqu'ils condamnent le prévenu à des réparations civiles dont le caractère particulier exclut toute possibilité ultérieure de restitution.

EXEMPLE (Peine prononcée pour l’)

Cf. Décimation*, Imitation*, Peines*, Prévention des infractions*, Publicité de la peine*.

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « Le jugement pénal » (3e éd.), n° I-III-II-10, p.305

On dit qu’une peine est prononcée « pour l’exemple » lorsqu’un tribunal condamne l’auteur d’une infraction, moins en raison de sa responsabilité subjective qu’en raison du trouble causé à la société, et qu’il prononce une sanction destinée à prévenir la commission d’actes semblables par d’autres personnes.

Signe Dictionnaire Littré : Faire un exemple de quelqu’un, c’est le punir pour apprendre aux autres les peines auxquelles il s’exposeraient s’ils commettaient les mêmes fautes.

Signe Histoire Bayet (La morale des gaulois) : Quand Vercingétorix fait couper les oreilles de certains coupables, César note qu'il en use ainsi pour que la victime serve d'exemple.

Signe Histoire Digeste de Justinien (48 19, 6, 1). Ulpien : L'exemple effraye et par là diminue les délits.

Signe Histoire Loi Gombette. Introduction : Tout juge qui se sera laissé séduire et sera convaincu d’avoir reçu un présent, dans une affaire soumise à sa décision, soit que son jugement ait été contraire à nos lois, soit même qu’il ait été conforme aux règles de la justice, sera, pour l’exemple, condamné à la peine de mort, si le crime est prouvé.

Signe Philosophie La Bruyère (Les caractères) : Un coupable puni est un exemple pour la canaille ; un innocent condamné est l'affaire de tous les honnêtes gens.

Signe Philosophie Rousseau (Du contrat social) : On n’a le droit de faire mourir, même pour l’exemple, que celui qu’on ne peut conserver sans danger.

Signe Doctrine Servant (Discours sur l’administration de la justice criminelle) : Un seul exemple, fait à propos et pris dès le début d’un mal, en prévient mille autres.

Cette pratique, critiquable sur le plan moral, s’impose parfois pour des raisons d’ordre public (notamment en raison de la loi de l’imitation mise en lumière par Tarde*).

Signe Histoire Digeste de Justinien (48 19, 16, 10). Claudius Saturninus : Il arrive parfois que les supplices de quelques malfaiteurs soient aggravés, lorsque, pour réprimer l'audace d'un trop grand nombre de scélérats, il faut faire un exemple.

Signe Histoire Sohet (Instituts de droit). L.V p.18:  : Les femmes qui détruisent leurs enfants en cachette doivent être condamnées à être précipitées et suffoquées dans la rivière.
Et si ce crime se commet fréquemment dans ce pays, on condamnera ces femmes à être empalées et enterrées vives
.

Signe Exemple concret Desmaze (Les pénalités anciennes) reproduit cette lettre de De Sève à Colbert : Bordeaux, 22 août 1675 - Le Parlement commença hier à donner des exemples au public en faisant pendre, dans la place Saint-Michel, deux des séditieux...

Signe Exemple concret Warée (Curiosités judiciaires) : Après être retourné dans son pays il a pris la fantaisie à du Lys de se venger des perfidies de sa maîtresse ; il a envoyé à Paris le nommé Joinville, qu'il avait à son service, dans le but de  donner des coups de bâton à Francoeur et aussi, dit-on, de faire quelques marques au visage de madame Pellissier... MM. de la Tournelle ont trouvé la chose si grave qu'ils ont condamné MM. du Lys et Joinville à être rompus vis, ce qui a été exécuté le 9 mai 1731, en effigie pour le premier, et très réellement pour Joinville, qui pourtant par grâce a été étranglé. Ce jugement a semblé rude ; mais il était nécessaire de faire un exemple, pour les étrangers surtout, qui, en quittant la France, croiraient pouvoir se venger impunément.

Signe Exemple concret Exemple. Le Figaro du 27 février 2000 titrait : S. H... condamné pour l’exemple. Après avoir décelé une faille dans le système de sécurité des cartes bancaires, cet informaticien avait voulu en faire la démonstration publique en achetant dix carnets de métro à l’aide de dix fausses cartes.

Il importe d'observer que si les pouvoirs publics doivent parfois prononcer des peines par l'exemple, à l'inverse les dirigeants de l'État doivent donner l'exemple du respect des lois et de la morale dans leur vie quotidienne.

Signe Philosophie Confucius (L'invariable milieu) : La vertu des hommes d'État établit un bon gouvernement, comme la vertu de la terre fait croître rapidement les plantations... Quiconque gouverne l'empire doit se perfectionner lui-même ; s'il se perfectionne lui-même, il offrira à ses sujets un modèle de vertu en sa personne... Un prince sage ne se permet rien de mal, et par là il relève sa personne.

Signe Philosophie Pufendorf (Le droit de la nature) : Le Prince doit donner l'exemple, qui est d'une plus grande efficacité que toutes les Lois du monde.

EXEMPTION DE PEINE

Cf. Blanchiment d'argent*, Excuse absolutoire*, Excuse atténuante*, Peines*.

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « La loi pénale » (4e éd.), n° III-328, p.494

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « Le jugement pénal » (3e éd.), n° I-III-I-201 et s.,  p.267 et s.

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « La protection de la Personne humaine » (4e éd.), n° III-215 bis, p.494 / n° IV-305, p.589

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « La protection de la Famille, des enfants et des adolescents » : n° 338 6°, p.218 / n° 407, p.246 / n° 453, p.308

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul  Doucet, « La protection de la Société », n° 6, p.9 /  références de la Table alphabétique, p.577

L’expression « Excuse absolutoire* », utilisée jusqu’à ces dernières années, a été remplacée par l’expression « exemption de peine ». Cette institution couvre une dispense de Peine* accordée, dans quelques rares cas prévus par la loi, à celui qui a aidé la justice, soit à mettre au jour une infraction ignorée, soit à faire la lumière sur une instruction en cours, soit encore à faire échec à une infraction imminente.

Signe Doctrine Stéfani, Levasseur et Bouloc (Droit pénal général) : Exceptionnellement, la loi décide d’exempter de peine, non pas pour des raisons d’absence de faute, mais pour des motifs d’utilité sociale et de politique criminelle. En ce cas l’agent reste coupable, mais la loi ne le soumet pas à une peine… Les excuses étaient toujours strictement définies par la loi. Il en est de même sous l’empire du nouveau Code pénal, qui ne comporte pas de cause générale d’exemption de peine.

Signe Jurisprudence Cass.crim. 12 octobre 1993 (Bull.crim. n° 285 p.718) : Une excuse absolutoire n’enlève pas à l’acte reproché son caractère illicite, et ne permet pas à son auteur d’échapper à une déclaration de culpabilité.

Les exemptions de peines sont, tantôt totales, tantôt partielles, selon les indications du législateur.

Signe Législation Code de la défense. Art. L.333-5 : Toute personne qui a tenté de commettre en temps de guerre l'une des infractions prévues aux articles 411-2, 411-3, 411-6, 411-9 et 411-10 C.pén. et mentionnées à l'art. L. 331-1 est exempte de peine si, ayant averti l'autorité administrative ou judiciaire, elle a permis d'éviter que l'infraction ne se réalise et d'identifier, le cas échéant, les autres coupables .

Signe Législation Code pénal. Art. 225-4-9 (relatif à la traite des êtres humains) : La peine privative de liberté encourue par l'auteur ou le complice d'une des infractions prévues à la présente section est réduite de moitié si, ayant averti l'autorité administrative ou judiciaire, il a permis de faire cesser l'infraction ou d'éviter que l'infraction n'entraîne mort d'homme ou infirmité permanente et d'identifier, le cas échéant, les autres auteurs ou complices. Lorsque la peine encourue est la réclusion criminelle à perpétuité, celle-ci est ramenée à vingt ans de réclusion criminelle.

EXEQUATUR

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « La protection de la Famille, des enfants et des adolescents » : n° 511, p.335 / n° 515, p.339 / n° 522, p.347

Cf. Formule exécutoire*, Pareatis*.

Terme latin signifiant « que cette décision soit exécutée ». Accordé par un tribunal français, l'exequatur rend exécutoire une décision rendue par un tribunal étranger.
- En principe, une décision rendue par une juridiction répressive ne peut faire l’objet d’une demande d’exequatur. Mais il existe des exceptions ; notamment il est possible de demander l’exequatur des dispositions purement civiles d’une juridiction répressive, notamment des dommages-intérêts prononcés sur l’action civile.

Signe Doctrine Holleaux, Foyer et de La Pradelle (Droit international privé) : L’exécution forcée d’une décision étrangère ne peut jamais avoir lieu que si cette décision a, au préalable, été l’objet d’une procédure de contrôle dite de l’exequatur.

Signe Doctrine Huet et Koering-Joulin (Droit pénal international) : Aucun texte n’institue une procédure d’exequatur pour conférer la force exécutoire en France des décisions pénales étrangères. Aussi la jurisprudence s’en tient-elle strictement au principe de la territorialité en décidant que les jugements répressifs étrangers ne peuvent être exécutés en France.

Signe Jurisprudence Cass.civ. 7 décembre 1936 (Gaz.Pal. 1937 I 451) : Fait une exacte application de la Convention franco-belge l’arrêt qui autorise la mise à exécution en France des condamnations pécuniaires prononcées en matière civile par un tribunal correctionnel belge sur l’action en réparation du préjudice causé par un délit.

EXERCICE DES FONCTIONS -  Voir : Fonction*.

EXERCICE ILLÉGAL DE LA MÉDECINE -  Voir : Médecine (exercice illégal)*.

EXHIBITION SEXUELLE

Cf. Indécence (Illustration, panneau photographié à Cefallu en Sicile)*, Moeurs (bonnes et mauvaises)*, Outrage public à la pudeur* (art. 222-32 C.pén., ancien art. 330).

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « La protection de la Famille, des enfants et des adolescents », n° 432, p.279

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « La protection de la Société », n° I-II-129, p.186 

Jadis nommé « Outrage public à la pudeur* », le délit d'exhibition sexuelle (art. 222-32 C.pén.)  consiste dans le fait de dévoiler en public des organes liés à l'instinct sexuel, et ce intentionnellement mais sans contact physique.

Signe Jurisprudence Cass.crim. 27 janvier 2016, n° 14-87591 : Il résulte de l'arrêt attaqué et des pièces de procédure que M. X... a été renvoyé devant la juridiction de jugement pour avoir commis une exhibition sexuelle en se masturbant à l'intérieur de son véhicule automobile stationné sur un parking public ; que Mme Y..., présente sur son balcon au moment des faits en a été témoin et s'est constituée partie civile ; que le tribunal a renvoyé des fins de la poursuite le prévenu considérant que, bien que reconnaissant les faits, celui-ci n'avait pas eu l'intention de s'exposer à la vue du public ; que le ministère public et la partie civile ont relevé appel de ce jugement ;
Pour infirmer
à bon droit le jugement et condamner le prévenu, l'arrêt relève que, compte tenu du contexte dans lequel se sont déroulés ces faits, en pleine journée, sur un parking public face à un immeuble d'habitation avec des commerces au rez-de-chaussée, M. X... n'a pu ignorer qu'il pouvait être vu.

Signe Exemple concret Exemple (Ouest-France 14 mars 2014) : Dans le train Quimper-Paris, un Sénégalais de 41 ans, ivre, a montré son sexe à une étudiante de 22 ans à côté de laquelle il était assis et il s'est adressé à elle. Un autre passager s'est interposé mais le quadragénaire est revenu à la charge de façon insistante... À l'arrivée du train en gare de Vannes des policiers ont interpellé l'exhibitionniste ; ils ont dû se mettre à trois pour le menotter, avec l'aide d'un passager.

S'agit-il seulement des organes sexuels principaux ou encore des organes sexuels secondaires, tels les seins qui constituent psychologiquement un appel conscient ou inconscient à des relations sexuelles ? La question peut se poser tant sur le plan de la police municipale que sur le plan de la déontologie professionnelle.  

Signe Exemple concret Exemple (Télétexte 29 juillet 2006, F2 puis TF1) : Comme chaque année, seins nus, strings ou naturisme sont bannis sur Paris-Plages a rappelé samedi la municipalité... Le maire de Paris, Bertrand Delanoë a interdit par arrêté municipal "les tenues indécentes" sur les berges de la Seine accueillant Paris-Plages... Les amateurs de strings et de topless sont passibles de 38 € d'amende.

Signe Jurisprudence Nancy 29 novembre 1982 (D. 1985 354) : Responsable de la bonne marche de l'entreprise, l'employeur est en droit, en vertu de son pouvoir disciplinaire, d'intervenir si le comportement d'un de ses salariés est de nature à créer un trouble dans l'entreprise. Tel est le cas lorsque une aide-comptable est venue au travail porteuse d'un chemisier transparent sur une poitrine nue alors que si l'évolution actuelle des moeurs tolère que les femmes se montrent les seins nus, cette tolérance est pour l'instant limitée au domaine des loisirs, au bord des piscines ou des plages et ne s'étend pas aux lieux de travail sinon pour les artistes de music-hall ou de cabaret. Si on peut admettre que la coquetterie d'une jeune femme explique qu'elle se soit risquée au début dans cette tenue, il n'est plus possible d'admettre qu'une fois mise en garde, elle ait persisté dans ce comportement. .

Signe Exemple concret Exemple (Ouest-France 3 juin 2016) : Des élèves de l'école Robert-Gravel à Montréal (Canada) s'élèvent contre l'obligation  du port du soutien-gorge dans le nouveau règlement. La mesure est jugée sexiste, bien que le règlement parle du port obligatoire de sous-vêtements pour les filles et les garçons.

EXHUMATION

Cf. Autopsie*, Cadavre*, Sépulture*.

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « La protection de la Personne humaine » (4e éd.), n°44, p.42

L’exhumation consiste à ouvrir une tombe afin d’en retirer les restes d’un défunt. Cette profanation ne peut être commise que pour une raison importante, et avec l’autorisation préalable de l’autorité publique (notamment d’un juge d’instruction).

Signe Doctrine Crivelli (Dictionnaire du droit civil) : Sortie de terre, Ex humo. - L'exhumation des cadavres n'est licite que lorsqu'elle est autorisée par la police, ou ordonnée en justice. Dans tous les autres cas, elle constitue le délit connu sous le nom de violation de tombeaux ; elle est punie des peines attachées à ce délit.

Signe Philosophie Pierrot (Dictionnaire de théologie morale) : Les autorités locales sont spécialement chargées de maintenir l'exécution des lois et règlements qui prohibent les exhumations non autorisées, et d'empêcher qu'il ne se commette dans les lieux de sépulture aucun désordre, ou qu'on s'y permette aucun acte contraire au respect dû à la mémoire des morts.

Signe Droit comparé Code pénal du Mexique. Art. 280.- Encourt de trois jours à deux ans de prison … celui qui exhume un cadavre en méconnaissance des formes légales.

Signe Jurisprudence Toulouse (1e Ch.), 26 juin 2000 (JCP 2001 IV 1133) : Lorsque l’enterrement a déjà été célébré, le principe général du respect d’une sépulture impose à ceux qui sollicitent l’exhumation, de rapporter la preuve de ce que la volonté du défunt n’aurait pas été respectée et qu’ils sont les mieux à même d’exprimer cette volonté.

Signe Jurisprudence C.app.adm. Douai 31 mai 2012 (Gaz.Pal. 20 septembre 2012 p.29) : Une opération de réunion de corps s'analyse en une exhumation subordonnée tant à l'accord des plus proches parents qu'à l'autorisation préalable du maire de la commune.

Signe Exemple concret Michelet (Histoire de la Révolution) : En 1792, les églises même offraient des scènes, mystérieuses et terribles, de nombreuses exhumations. Il avait été décidé qu'on emploierait pour l’armée le cuivre et le plomb des cercueils.

EXIL

Cf. Bannissement*, Déportation*, Excommunication*, Interdiction du territoire français*, Ostracisme*, Peines*, Proscription*, Transportation*.

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « La loi pénale » (4e éd.), n° III-205 1°, p.415

- Notion. L’exil est l’obligation faite à un citoyen (ou la faculté qui lui est offerte lorsqu'il encourt la peine de mort) de quitter le territoire habité par la Nation à laquelle il appartient.

Signe Droit comparé Code pénal de Gia Long. Art. 1 - Les différentes peines. La peine de l'exil a trois degrés (la pitié faisant reculer devant l'application de la peine de mort le coupable est exilé dans un territoire éloigné).
À deux mille lis et cent coups de truong ; à deux mille cinq cents lis et cent coups de truong ;à trois mille lis et cent coups de truong.

Signe Histoire Loiseleur (Les crimes et les peines dans l'antiquité) : En Grèce, Pour échapper aux représailles qui tôt ou tard devaient l'atteindre, le meurtrier n'avait qu'une ressource, c'était l'exil...Cet exil, qui était d'abord qui une mesure de prudence aspirée par la crainte, devint, dans la suite, une institution publique destinée à sauvegarder les sociétés de représailles indéfiniment renaissantes qui auraient la longue dépeuplé les États.

Signe Exemple concret Encyclopédie Microsoft Encarta : Dans ses écrits, Pouchkine condamne le servage et n’épargne pas le tsar ; lequel, irrité, exile le poète pour quatre ans (1820-1824) au Caucase et en Crimée.

Signe Exemple concret Exemple (Direct-Bretagne 16 octobre 2008) : Roberto Saviano choisit l'exil. Menacé de mort pour son best-seller sur la mafia napolitaine, Gomorra, il a fait savoir hier qu'il souhaitait quitter l'Italie.

- Science criminelle. L'exil servait dans l’Antiquité à exclure du groupe social une personne qui avait commis un crime sanctionné de la peine de mort. Un clan soudé répugne en effet à infliger cette sanction à l’un des siens.
L’exil, qui s’analyse en une peine de caractère infamant, est actuellement exclu par les conventions internationales. Question de ratification mise à part, il ne saurait donc plus résulter que d’un choix personnel fait par un opposant au régime en place.

Signe Histoire Montesquieu (De l'esprit des lois) : Les législateurs de Rome permirent aux accusés de s'exiler avant le jugement.

Signe Histoire Du Boys (Histoire du droit criminel) : En Aragon, l'offense faite en présence du roi entraînait la peine de l'exil.

Signe Droit comparé Habeas corpus (1679) : Aucun homme libre ne sera pris et emprisonné, ni dépossédé, ni exilé, ni ruiné de quelque manière que ce soit, ni mis à mort ou exécuté, sauf à la suite d’un jugement loyal de ses pairs et par les lois du pays.

- Droit français. L’exil a été utilisé en tant que peine politique en France au XIXe siècle. De nos jours, cette mesure ne fait plus partie des sanctions pénales.

Signe Histoire Le Bon (Les Révolutions) : Bientôt en conflit avec la Chambre, le prince Louis-Napoléon  se décida à un coup d’État. L’Assemblée fut dissoute, 30.000 personnes arrêtées, 10.000 déportées, une centaine de députés exilés.

Signe Histoire Loi du 22 juin 1886, art. 1er  : Le territoire de la République est et demeure interdit aux chefs des familles ayant régné en France, et à leurs héritiers directs, dans l’ordre de primogéniture.
En application de cette loi le duc d'Aumale, dont le loyalisme à l'égard de la République n'était pas contesté, fut frappé d'un décret d'expulsion (13 juillet 1886) et dut se retirer à Bruxelles.
Toujours en application de cette loi Philippe fils du Comte de Paris, qui vint se présenter au bureau de recrutement lors de l'appel de sa classe, fut arrêté et condamné à deux ans d'emprisonnement le 12 février 1890. Il fut gracié quatre mois plus tard par le président Carnot, et servit la France dans la Légion étrangère.

EXOINE

Cf. Excuse*.

Acte de procédure de l'Ancien droit, une exoine était une excuse médicale produite par quelqu’un qui était assigné à personne et ne pouvait se rendre à la convocation d’un juge. Ce terme a survécu quelque temps dans la pratique médico-légale, notamment pour excuser un expert qui ne pouvait se présenter en personne à l’audience.

Signe Histoire De Ferrière (Dictionnaire de droit) : On dit exoiner, pour dire excuser quelqu’un de ce qu’il ne comparaît pas en personne, lorsqu’il est porteur de son exoine… La cause d’exoine la plus ordinaire est celle qui est fondée sur la maladie de l’accusé ; mais une légère incommodité n’est pas une excuse suffisante. Outre la maladie de l’accusé, il y a encore d’autres causes légitime d’exoine, comme la difficulté des chemins impraticables, les tempêtes et inondations.

Signe Histoire Pothier (Traité de la procédure criminelle) : L’exoine est un acte qui contient les raisons pour lesquelles un accusé ne se présente pas sur l’assignation qui lui a été donnée en conséquence d’un décret.

EXORCISME -  Voir : Sorcellerie*, Torture*.

EXPÉDITION

Cf. Grosse*, Minute*.

Une expédition est une copie certifiée conforme à la minute d’un jugement, délivrée par les services du greffe. Simple copie conforme du jugement, l’expédition ne comporte pas en principe de formule exécutoire. Seule la première expédition, dite "copie exécutoire" porte cette formule et permet la mise en œuvre du jugement.

Signe Histoire Denisart (Collection de jurisprudence, Paris 1765) : On nomme greffiers, des officiers dont les fonctions sont d'écrire les Arrêts, Sentences ou Jugements qui sont prononcés ou dictés par les Juges, de garder les minutes qui doivent être conservées, et d'en délivrer des expéditions à qui il appartient.

Signe Jurisprudence Cass.crim. 19 janvier 1982 (Bull.crim. n° 16 p.34 ) : Les pièces qui accompagnent une demande d'extradition doivent être produites en original ou en expédition authentique.

EXPÉRIMENTATION SUR LA PERSONNE HUMAINE

Cf. Bioéthique*, Corps de l’homme*.

L’art. 223-8 du Code pénal français incrimine le fait de pratiquer sur une personne une recherche biomédicale sans avoir recueilli son consentement libre et éclairé.

Signe Philosophie Bruguès (Dictionnaire de morale catholique) : Une expérimentation effectuée, pour l’intérêt de la société, sur des sujets incapables de donner leur consentement devrait être catégoriquement prohibée, comme contraire à la dignité de la personne humaine.

Signe Jurisprudence Paris 1er mars 1996 (D. 1999 603, note Roujou de Boubée) : L’art. L. 209-9 C. santé publ. dispose de façon non équivoque que le consentement libre, éclairé et exprès de la personne doit être recueilli préalablement à la réalisation de la recherche biomédicale.

Signe Jurisprudence Cass.crim. 6 février 1992 (Bull.crim. n° 58 p.140) : Le contrôle judiciaire a pu faire obligation à l'intéressé «de ne pas se livrer à des activités d'expérimentation quelconques sur les personnes humaines ».

Signe Jurisprudence Cass.crim. 24 février 2009 (Bull.crim. n° 45 p.158) : Justifie sa décision au regard des dispositions de l’art. 223-8 C.pén. la cour d’appel qui, pour déclarer un médecin coupable de recherche biomédicale non consentie, retient qu’il a entrepris cette recherche sur un patient très affaibli et manifestement dans l’impossibilité de donner un consentement libre, éclairé et exprès, lequel n’a été recueilli ni par écrit ni par une autre façon.

Signe Jurisprudence Cons. d’État 2 juillet 1993 (Gaz.Pal. 1994 I panor. adm. 60) : Les principes déontologiques fondamentaux relatifs au respect de la personne humaine, qui s’imposent au médecin dans ses rapports avec son patient, ne cessent de s’appliquer avec la mort de celui-ci. En particulier, ces principes font obstacle à ce que, en dehors des prélèvements d’organes opérés dans le cadre de la loi du 22 décembre 1976 et régis par celle-ci, il soit procédé à une expérimentation sur un sujet après sa mort, alors que, d’une part, la mort n’a pas été constatée dans des conditions analogues à celles qui sont définies par les art. 20 à 22 du décret du 31 mars 1978, que, d’autre part, cette expérimentation ne répond pas une nécessité scientifique reconnue et qu’enfin l’intéressé n’a pas donné son consentement de son vivant ou que l’accord de ses proches, s’il en existe, n’a pas été obtenu. Le fait que ce praticien ait procédé à des expérimentations sans que toutes ces conditions aient été remplies, constituait un manquement aux principes précités et était de nature à justifier légalement l’application d’une sanction disciplinaire, en l’occurrence un blâme.

EXPÉRIMENTATION SUR LES ANIMAUX

Cf. Animaux*.

L’art. 521-2 C.pén. incrimine le fait de pratiquer des expériences scientifiques ou expérimentales en dehors du cadre légal.

Signe Jurisprudence Cons. d’État 16 décembre 1994 (Gaz.Pal. 1995 II Panor.adm. 93) : Le gouvernement a pu légalement prévoir que toute expérimentation sur les animaux serait interdite aux personnes ayant encouru une condamnation pour infraction aux dispositions législatives et réglementaires afférentes à la protection des animaux.

Suite de la lettre E