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PROCÈS-VERBAL de PERQUISITION

Extrait du procès criminel de Marie-Anne Charlotte Corday d'Armont

Nous avons actualisé l’orthographe de ces documents
pour en faciliter la lecture et d’éventuelles traductions,
mais nous avons laissé subsister les fautes et inexactitudes
résultant de la hâte dans laquelle la procédure a été conduite.

Extrait du :
Procès criminel de Marie-Anne Charlotte Corday d'Armont

 

Perquisition effectuée au domicile de Charlotte de Corday

SECTION DU MAIL

Le samedi treize juillet mil sept cent quatre-vingt-treize, l’an deuxième de la République, une et indivisible, dix heures et demie du soir, à la réquisition des citoyens Cavanagh et Fiot, tous deux officiers de paix, en exécution d’une ordonnance de l’Administration de Police, en date de ce jour, signée Le Chenard et Baudrais, tous deux Administrateurs au même département, notre dite Ordonnance demeurée ci-jointe :

Nous Esprit-Louis Rousset, commissaire de la Section du Mail, assisté de notre secrétaire-greffier, nous sommes transportés rue des Vieux-Augustins, numéro dix-neuf, hôtel de la Providence, tenu en garnie par la citoyenne Grollier, où étant nous avons trouvé le citoyen Louis Bruneau, tailleur de la dite maison, et représentant la citoyenne Grollier, en son absence, auquel nous avons demandé de nous conduire dans la chambre de la nommée, Marie-Anne-Charlotte Corday, ce qu’il a fait à l’instant, en nous conduisant au premier étage, au devant d’une porte n° 7, dont il nous a fait l’ouverture avec la clef qu’il a prise au clou de l’anti-chambre ; de suite sommes tous entrés dans la dite chambre, ayant vue sur la rue, dans laquelle nous avons trouvé une commode et un secrétaire, dont tous les tiroirs étaient ouverts et perquisition la plus exacte ayant été par nous été faite, tant dans lesdits commode, secrétaire, armoire pratiquée à gauche de la cheminée, dans le lit, et enfin dans tous les lieux dépendants dudit logement, nous n’avons trouvé aucun papiers, si ce n’est trois morceaux de petits papiers, deux desquels nous avons signés et paraphés, et le troisième étant trop petit, en avons fait la description ainsi qu’il suit :

Citoyen Duperret, rue St-Thomas-du-Louvre, n° 45.

Lesquels trois morceaux nous avons retenu pour avec expédition des présentes, être transmis au Département de Police. Nous avons pareillement trouvé dans ladite commode un déshabillé de Bazin rayé, sans marque, un jupon de soie rose, un autre de coton blanc, tous deux sans marques . Deux chemises de femme marquées des lettres C . D ; deux paires de bas de coton, dont une blanche et l’autre grise, non marquée ; un petit peignoir sans manche, de toile blanche, marqué de deux G. en sens contraire ; quatre mouchoirs blancs dont un marqué C. D ; deux bonnets de linon ; deux fichus de linon ; un fichu de gaze vert, un fichu de soie à bande rouge, et un paquet de rubans de différentes couleurs, et quelques morceaux de chiffons ne méritant pas description.

Et attendu que lesdits effets sont les seuls étant dans la ladite chambre, les avons plié dans une serviette ouvrée, marquée de la lettre B. que nous avons aussi trouvée dans ladite chambre, et sur lequel paquet nous avons apposé notre cachet de Commissaire en deux endroits, pour être aussi transmis au Département de Police.

De suite le citoyen Bruneau nous a dit que ladite Corday est entrée audit hôtel le douze du courant, ainsi qu’il en a justifié par la présentation du registre sur lequel elle a dit être native et arriver de Caen ; que depuis son arrivée audit hôtel, un particulier de la taille d’environ cinq pieds quatre pouces, vêtu d’un habit jaunâtre, paraissant âgé d’environ quarante ans passés, est venu la voir deux fois.

De tout quoi avons fait et dressé le présent procès-verbal, duquel expédition a été à l’instant remise audit citoyen Cavanagh, et Fiot, ensemble lesdits papiers et paquets mentionnés au présent, ainsi qu ‘ils le reconnaissent et nous en déchargent, le tout pour être par eux transmis au Département de la Police.

Et avons clos le présent, qui a été signé de tous les susnommés, après lecture faite.

Ainsi signé en cet endroit de la minute des présentes.

Signé Cavanagh, Flot, Bruneau,
avec Rousset, commissaire de police de ladite section,
et Aufauvre, secrétaire-greffier.

Pour copie conforme être transmis à l’Administration de Police à la Mairie .

Aufauvre, secrétaire-greffier.

Signe de fin