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DICTIONNAIRE DE DROIT CRIMINEL

- Professeur Jean-Paul DOUCET -

Lettre  P
(Dix-huitième partie)

PRUDENCE

Cf. Bien*, Faute*, Imprudence*, Mal*, Précaution (principe de)*, Sagesse*.

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « La loi pénale » (4e éd.), n° I-217, p.222

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « Le jugement pénal » (3e éd.), n° I-I-I-326, p.91

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « La protection de la Personne humaine » (4e éd.), n° I-218, p.112

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « La protection de la Famille, des enfants et des adolescents », n° 220, p.127 / n° 222, p.109

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « La protection de la Société », n° I-I-212, p.114

- Notion. Le mot prudence vient du latin prudentia qui signifiait, après l’apport de Cicéron : prévoyance, prévision, sagesse, savoir-faire, compétence.

Signe Législation Littré (Dictionnaire) : Prudence - Vertu qui fait connaître et pratiquer ce qui convient dans la conduite de la vie.

Signe Philosophie Simon Foucher (La morale de Confucius, selon Kong zi) : La vertu de prudence fait discerner ce qui est bon d'avec ce qui est mauvais.

Signe Philosophie Gilson (Thomas d'Aquin- Textes sur la morale) : La prudence est une vertu dont le siège est dans la raison pratique, et grâce à laquelle nous sommes capables de déterminer quels moyens la volonté doit choisir pour atteindre sa fin... L'homme prudent est d'abord l'homme qui sait se souvenir, car la prudence est fondée sur l'expérience.

Signe Philosophie Fergusson (Institutions de philosophie morale) : La prudence est ce discernement qui nous fait juger de l'importance de chaque fin, et de la convenance des moyens pour y parvenir.

- Règle morale. À la suite des philosophes, notamment d'Aristote, les théologiens catholiques ont fait de la prudence une vertu cardinale consistant à mener ses actions avec sagesse : c’est-à-dire après avoir scrupuleusement analysé la situation dans laquelle on se trouve, réfléchi à la meilleure manière de procéder au regard du bien et de mal, et, enfin, accompli l'acte dicté par cette délibération interne. Commet une faute celui qui ne procède pas de la sorte.

Signe Renvoi rubrique Voir : Cousin, Devoirs envers soi-même et devoirs envers autrui

Signe Philosophie Aristote (Ethique à Nicomaque) : De l’avis général, le propre d’un homme prudent c’est d’être capable de délibérer correctement sur ce qui est bon et avantageux pour lui-même, non pas sur un point partiel,  mais d’une façon générale.

Signe Philosophie St Thomas d'Aquin (Somme théologique) : La prudence regarde les réalités humaines... Elle prescrit aux hommes comment ils doivent parvenir à la sagesse.

Signe Philosophie Héribert Jone (Précis de théologie morale) : La prudence est la vertu cardinale qui nous rend aptes et nous dispose à connaître et à faire ce qui, en envisageant toutes les circonstances, est moralement bon… Dans la pratique de la prudence, on doit d’abord réfléchir sur les moyens qui, d’une manière générale, peuvent servir à atteindre le but poursuivi. On doit ensuite former un jugement sur les moyens qu’on doit employer et sur la manière de les employer, dans les circonstances présentes. Enfin, cette réflexion doit aboutir à la décision de poser l’action qui a été reconnue convenable.

Signe Philosophie Jolivet (Traité de philosophie - morale) : On définit la prudence "la notion droite de ce qu'il faut faire" (recta ratio agibilium), en tant qu'elle est une vertu de la raison pratique ordonnée à la direction de la conduite... Son objet est l'agir humain (agibile)... Elle implique à la fois la connaissance des principes généraux de la moralité et celle des contingences particulières de l'action. Ses actes propres, au sein du processus de l'acte volontaire sont la délibération ou conseil, le jugement pratique et (à titre principal) la décision.

Signe Philosophie Bergier (Principes de métaphysique) : La conscience nous avertit simplement de nous conduire avec prudence, et de consulter la raison.

Signe Philosophie Simon (Éthique de la responsabilité) : Le jugement prudentiel est, dans l’ordre du « bien agir », le moment clôturant la Délibération*par la Décision*, et marquant le Passage à l’acte*. La vertu de prudence est la vertu de l’intellect pratique ; elle s’enracine dans l’intelligence, mais elle est en rapport avec la volonté bonne. Vertu des initiatives, elle est aussi, quand les circonstances le demandent, celle de l’audace. Elle n’est pas orientée vers l’élaboration des normes de l’action, mais vers la position d’un jugement pratique, en situation. Elle marque le point de jonction de la pensée et de l’action effective.

- Science criminelle. La prudence marque un devoir d'attention, qui nous impose d’agir avec réflexion, afin d’éviter que nos actes ne causent un dommage à autrui. Selon la gravité de méconnaissance de cette obligation, et la nature du dommage causé, la faute commise sera tantôt civile, tantôt disciplinaire, tantôt pénale.
Passer de la notion de faute morale à la notion de délit pénal s'effectue sans difficulté dans un droit qui s'en tient à la responsabilité objective. Puisque l'élément essentiel de l'infraction est le dommage subi par la victime, peu importe que la faute qui l'a causé soit d'imprudence ou intentionnelle.
En revanche, dans un système répressif fondé sur la responsabilité subjective, donc sur la notion d'intention (ou du moins d'acte délibérément accompli en connaissance de ses dangers pour autrui), la faute d'imprudence relève du droit civil plutôt que du droit pénal. Ce n'est qu'en cas d'imprudence grave, ou sur des terrains particulièrement sensibles, que l'on incrimine des délits pénaux d'imprudence : homicide par imprudence, incendie par imprudence...

Signe Philosophie Joly (Sociologie criminelle) : La justice pénale devrait avoir pour fondement l’oubli de la règle élémentaire de prudence, par laquelle tout homme doit toujours regarder aux conséquences possibles de ses actions.

Signe Doctrine G.Viney (La responsabilité, conditions) : Le devoir de prudence concerne tous les types d’activités et il oblige à prendre toutes les précautions usuelles afin que ces activités ne créent pas plus de danger qu’elles n’en comportent normalement. Il impose de veiller non seulement à la sécurité d’autrui, mais également à la sienne propre.

Signe Droit comparé Code pénal d'Espagne. Art. 142 : Celui qui par une imprudence grave cause le décès d'une autre personne sera puni, comme auteur d'un homicide par imprudence, d'une peine de prison de un à quatre ans.

Signe Droit comparé Code pénal d'Andorre. Art. 309 : Sera passible d'une peine maximale de trois mois d'emprisonnement quiconque, par imprudence ou négligence, aura causé des lésions dont le temps de guérison est supérieur à 30 jours et ne dépasse pas 90 jours, s'il n'en résulte pas d'incapacité d'une durée supérieure ou de préjudice esthétique notable.

Signe Droit comparé Code pénal de Russie. Art. 25 - Crimes commis avec insouciance : Un acte commis avec une imprudence extrême sera assimilé à un crime commis intentionnellement.

- Droit positif. Le droit pénal français limite le domaine des infractions d'imprudence (art. 121-3 C.pén.) à quelques cas graves : atteintes involontaires à la vie (art. 221-6 et s. C.pén. et s.), atteintes involontaires à l'intégrité de la personne (art. 222-19 et s.), risques causés à autrui (art. 223-1), d'incendie par imprudence (art. 322-5)....

- Cf : Homicide par imprudence*, Incendie*, Mise en danger d’autrui*.

Signe Jurisprudence Cass.crim. 26 avril 2000 (Gaz.Pal. 2000 J 2488) : Le droit de priorité prévu par l’article R.28 du Code de la route ne dispense pas les conducteurs qui en bénéficient de l’observation des règles générales de prudence s’imposant aux usagers de la route.

Signe Jurisprudence Cass.crim. 1er juin 1999 (Gaz.Pal. 1999 J Chr.crim. 143/144) : L’élément intentionnel du délit de mise en danger d’autrui résulte de la violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de sécurité et de prudence imposée par la loi ou le règlement exposant autrui à un risque de mort ou de blessure grave.

PSEUDONYME

Cf. Alias*, Nom*, X… (Poursuites contre)*.

Le pseudonyme est le nom sous lequel une personne a choisi de se faire connaître dans l’exercice d’une activité donnée ; serait-ce celle de délinquant, mais on parle alors plutôt d'Alias*.
Si le ministère public ne parvient pas à percer la véritable identité de celui qui a été arrêté, il peut la poursuivre sous ce pseudonyme ou sous « X… ». L’utilisation d’un pseudonyme peut constituer une faute, si elle est malicieuse.

Signe Jurisprudence Cass.crim. 21 mai 1985 (D. 1986 IR 397, note G. Roujou de Boubée) : Constitue une fausse indication sur l’identité du vendeur le fait pour celui-ci d’avoir souscrit l’annonce sous un pseudonyme qui n’était que le sigle d’une société de promotion dont il était le gérant.

Signe Jurisprudence Cass.crim. 27 mai 1998 (pourvoi n° S97-84.629) a statué sur le pourvoi formé par X…, se disant Chérif Karim.

- Une œuvre publiée sous un pseudonyme est protégée dans les conditions de droit commun.

Signe Droit comparé Code pénal du Pérou. Art. 218 : Encourt une peine de deux à huit ans de prison … celui qui reproduit, distribue ou diffuse une oeuvre, à fin de commercialisation, soit en altérant soit en supprimant le nom ou le pseudonyme de l’auteur...

Signe Exemple concret Exemple (Extrait d'une publicité de l'éditeur J. de Bonnot) : Marie Henri Beyle, alias Louis Alexandre  Bombet, alias Timoléon du Bois, alias William Crocodile, alias Lisio Visconti, alias Cornichon, alias Le Chef de Bataillon Coste, célèbre enfin sous son dernier pseudonyme : Stendhal.

PSYCHOPATHE

Cf. Démence*.

- Notion générale. La personnalité du psychopathe (« au souffle vital perturbé ») est marquée par des comportements asociaux, voire antisociaux. La catégorie est si vaste qu’elle regroupe des personnes pénalement responsables, comme des personnes pénalement irresponsables.

Signe Doctrine J.Bobon (Cours de psychiatrie, Liège) : Par opposition aux oligophrènes, on appelle encore les psychopathes : déséquilibrés mentaux, anormaux de caractère (caractéropathes), sociopathes ; ce sont les dégénérés supérieurs de la psychiatrie classique.

Signe Doctrine Pinatel (La criminologie) : Cattell décrit la personnalité psychopathique par les qualificatifs suivants : malhonnête, impulsif, égoïste, inconstant, partiel, en qui on ne peut pas se fier.

Signe Jurisprudence Paris (1re Ch.) 12 octobre 1995 (Gaz.Pal. 1996 II somm. 559) : Il ressort des constatations de l’expert que la révélation de sa contamination par le VIH. a plongé la victime dans «un état quasi permanent de panique», entraînant «un syndrome psychopathologique sévère qui la rend totalement inapte au travail».

Signe Jurisprudence Paris (7e Ch.) 31 mai 1983 (Gaz.Pal. 1983 II somm. 403) : Il échet de dire que la prévenue, «à la personnalité hystéro-paranoïaque, ayant fait subitement un état de décompensation psychopathique», était dans un état mental qui ne lui permettait aucun contrôle volontaire de ses pulsions destructrices, et donc en état de démence au sens de l’art. 64 C.pén. lorsqu’elle a accompli l’acte ayant entraîné la mort de son mari.

Signe Exemple concret Affaire Dutroux (Le Figaro 6 mai 2004) : En plusieurs décennies de carrière, et 3301 expertises, le Dr Denys a rencontré trois vrais psychopathes. Le dernier s’appelle Marc Dutroux. Le psychiatre a dressé hier un profil effrayant de l’accusé le plus célèbre de Belgique. Celui d’un être asocial, enfermé dans une cuirasse étanche au moindre battement de cœur, incapable de toute relation affective, profondément égoïste et narcissique… Mais Dutroux n’est pas débile, il n’est pas un malade mental… toute prise en charge d’avère inutile. Donc pénalement responsable.

- Cas des puissants d'un jour. Certaines circonstances, telle une révolution, hissent à des postes d'autorité des individus médiocres sans avenir, qui en rendent la société responsable, et qui se vengent sur la population de ce qu'ils tiennent pour une injustice .

Signe Doctrine Le Bon (La Révolution française et la psychologie des révolutions) : Psychologie des représentants en mission - Le pouvoir de ces délégués était absolu. Aucune censure ne les gênait. Fonctionnaires et magistrats devaient leur obéir.
Un représentant en mission réquisitionne, séquestre, ou confisque ce que bon lui semble, taxe, emprisonne, déporte ou décapite qui bon lui semble... On se figure la vanité immense de ces dictateurs pénétrant solennellement dans les villes, entourés de gardes et dont un geste suffisait à faire tomber des têtes.
Petits avocats sans causes, médecins sans clients, curés défroqués, robins ignorés n'ayant connu auparavant qu'une pâle destinée, devenaient subitement égaux  des plus puissants de l'histoire. En guillotinant, noyant, mitraillant sans pitié au hasard de leurs fantaisies, ils prenaient conscience de s'élever d'une humble condition au niveau de célèbres potentats.
Parmi les représentants en mission à mentalité meurtrière, on peut citer comme type l'ancien curé Lebon qui, devenu possesseur du pouvoir suprême, ravagea Arras et Cambrai. La cruauté du féroce conventionnel se compliquait de sadisme ; l'échafaud étais dressé sous ses fenêtres, de façon à ce que lui, sa femme et ses coadjuteurs pussent jouir du carnage. Au pied de la guillotine on avait installé une buvette où venaient boire les sans-culottes. Pour les amuser, le bourreau groupait sur le pavé, en attitudes ridicules, les corps nus des décapités
.

PSYCHOSE

Cf. Démence*.

Signe Renvoi livres Voir : Jean-Paul Doucet, « Le jugement pénal » (3e éd.), n° I-II-II-212, p.242

Le psychotique souffre d’une altération des fonctions psychiques. Non seulement il perd le jugement et la maîtrise de ses actes, mais de surcroît il n’a pas conscience de son état morbide. Or celui-ci peut le conduire à des infractions graves telles que meurtres, attentats à la pudeur, injures et menaces. A un certain stade de la maladie, l’agent n’est plus pénalement responsable de tels débordements. Les principales formes de la psychose sont la Paranoïa*, la Schizophrénie*, ou encore la Manie*.

Signe Dictionnaire Larousse médical : La psychose est une affection nerveuse et mentale altérant profondément la personnalité dans son ensemble et qui se définit par les caractères suivants : 1° Ses symptômes compromettent sérieusement l’adaptation du malade vis-à-vis du monde extérieur et s’imposent à l’évidence aux observateurs (ainsi en est-il des idées délirantes qui heurtent le bon sens) ; 2° Les malades sont souvent inconscients de leur état morbide et momentanément incapables de faire la critique de leurs troubles ; 3° Les psychotiques refusent la plupart du temps les soins qui leur sont proposés ou les subissent sans en comprendre la nécessité. Ils s’opposent même aux précautions que l’on veut prendre à leur égard.

Signe Jurisprudence Cass.crim. 18 février 1998 (Gaz.Pal. 1998 II Chr.crim. 103) : Pour confirmer à bon droit l’ordonnance de non-lieu rendue par le juge d’instruction, la Chambre d’accusation, après avoir exposé les faits et analysé les conclusions concordantes des quatre expertises psychiatriques et médico-psychologique, d’où il résulte que l’inculpé, atteint d’une psychose dissociative de type schizophrénique, a commis à son insu les actes qui lui sont reprochés, énonce que G... n’est pas pénalement responsable.

PSYCHOTHÉRAPIE -  Voir Amendement*.

PUBLIC (Personnes assistant à une audience)

Cf.: Audience (police de l’)*, Auditoire*, Publicité des débats*.

Le public qui assiste à une audience n’est pas indifférent, il constitue même l’une des parties (secondaires) au procès. Cela est évident pour les représentants de la presse ; mais ce l’est aussi pour les simples spectateurs. La présence d'un public constitue la condition de la Publicité de débats*, même si elle risque parfois de leur enlevé de leur sérénité.

Signe Doctrine J.Minois (La Révolution Française) : Lors du procès de Louis XVI, pour obtenir la tête du roi, il va falloir utiliser les grands moyens. À cet effet, les tribunes de l'Assemblée ont été bondées de racaille sans aveu,  à la solde des jacobins, abreuvant d'injures et de menaces les députés modérés. Tandis que dans les gradins de la Montagne, Le-Pelletier-de-Saint-Fargeau ne cesse de rappeler à toute cette noble assemblée, qu'elle est sous surveillance. C'est ainsi que beaucoup de conventionnels anti-régicides changent brusquement d'avis. Vergniaud, qui seulement la veille, avait juré que jamais il ne voterait la mort du roi, retourne brusquement sa veste au moment de monter à la tribune .

Signe Exemple concret Certains lancent des invitations comme au spectacle. Le 20 avril 1793, le juré Trinchard invite sa femme à venir assister aux débats du Tribunal révolutionnaire : Si tu n’est pas toutte seule et que le compagnion soit a travalier, tu peus ma chaire amie venir voir juger 24 mesieurs tous si deven president ou conseliès au parlement de Paris et de Toulouse. Je t’ainvite a prendre quelque choge aven de venir parcheque nous naurons pas fin de 3 eures. Je tembrase ma chaire amie et épouge. Ton mari. Trinchard.

Signe Exemple concret Béraud (Compte rendu d’une audience du procès Landru) : Tandis que magistrats, défenseurs et jurés s’éloignaient de la salle, la foule, cramponnée aux barrières, se mit à manger en riant et en chantant. Tout Paris était là, comme happé par le vertige de la mort. Les lustres zébraient les murailles de grandes ombres dansantes. Au bas c’était un bouillonnement de cuve. Une seule rumeur, d’où montait parfois un rire de femme chatouillée. On mangeait. On dévalisait les bars. Des comédiennes buvaient au goulot des litres. Et sur tout cela une chaleur d’orage.

- Les réactions du public, même contenues dans des limites raisonnables, peuvent influencer les magistrats et les jurés. Là où les preuves sont faibles, une ambiance nettement favorable à l’accusé, peut suffire à faire pencher la balance en sa faveur ; et inversement. C’est pourquoi il existe un danger de voir l’autorité publique « faire la salle », comme lors des Procès de Moscou.

Signe Doctrine Imbert (Le procès de Jésus) : Après avoir entendu Jésus dans le Prétoire, Pilate sort et proclame : "Je ne vois aucun motif de condamnation en cet homme". Comme il était à prévoir, les cris de la foule ne cessent pas... Pilate, entendant ces cris, demande alors si l'homme était Galiléen. S'étant assuré qu'il dépendait de la juridiction d'Hérode Antipas, il le renvoie à Hérode.

Signe Exemple concret Seligman (La justice pendant la Révolution), sous le régime accusatoire des premiers mois : L’avocat de Besenval, voyant que le public devenait favorable à son client, demanda l’intervention du ministre de la Guerre auprès du Garde des Sceaux pour que l’affaire fut jugée dans un vaste local, capable de contenir tout le public qu’attirait cette grande cause.

Signe Exemple concret Wallon (Histoire du Tribunal révolutionnaire) : Lors du procès des Girondins, malgré tous les efforts déployés, les dispositions du public ne paraissaient pas se tourner contre eux, bien au contraire. Le 27 octobre, Hébert s’en plaignit aux Jacobins. Il s’en prenait aux journalistes qui rendaient compte des débats. Il les accusait d’atténuer les torts des accusés, de les justifier, s’il était possible, et d’égarer l’opinion du peuple.

Signe Exemple concret Procès Montmorin. Dans la nuit du 31 août 1792, le Tribunal criminel acquitta Montmorin au motif qu’il n’était pas établi que les faits qui lui étaient reprochés eussent été commis « méchamment et à dessein de nuire ». De violents mouvements de foule se produisirent alors : « Vous le déchargez aujourd’hui, s’écria une voix ; dans quinze jours il vous égorgera ! ». Pour rétablir l’ordre, le président promit de faire écrouer de nouveau « au nom du peuple » celui qui venait d’être acquitté, et le fit effectivement ramener à la Conciergerie sous les menaces de la foule.

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