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PRÉCEPTES FONDAMENTAUX DU BOUDDHISME

Voici deux textes qui contribuent à montrer
le caractère universel et intemporel des principes moraux
dont doit s’inspirer tout législateur soucieux
de la dignité de la personne humaine et du bien commun.

1° Les dix préceptes qui réfrènent les passions

2° Conduite morale, concentration et sagesse

 

I° - LES DIX PRÉCEPTES
QUI REFRÈNENT LES PASSIONS

(Bouddhisme Vajrayana)

(Extrait de "La lumière du dharma" de S.S. le XIVème Dalaï-Lama, Pocket n°4800)

( avec l’aimable autorisation des éditions Pocket )

 

... L'enseignement du Bouddha repose sur la vertu, et l'essence de la vertu est contenue dans les « Dix Préceptes qui refrènent les passions ». ...

Les Dix Préceptes racines qui refrènent les passions sont, ainsi que nous l'avons dit, le fondement de la vertu. Lorsqu'ils sont bien établis dans le cœur l'homme, celui-ci est capable de veiller, et de se protéger contre toutes les mauvaises tendances qui s'élèveraient en lui.

Les Dix Préceptes se divisent en trois classes :

a) les fautes commises par le corps : le meurtre, le vol et la luxure ;

b) les fautes commises par la parole : le mensonge, la calomnie, les paroles injurieuses ;

c) les fautes commises par l'esprit : la convoitise, la méchanceté et les vues fausses. 

Pour que la responsabilité soit entière, il faut cinq facteurs. L'examen des facteurs indique si la faute est, ou non, entière.

1. Le meurtre

a) L'objet : la victime. Un être vivant autre que soi-même.

b) La conscience de l'objet. L'intention de détruire la vie.

c) Accomplissement de l'acte. Exécuté par soi-même, ou par quelqu'un d'autre.

d) Le jeu des trois aspects de la passion : attraction, aversion et aveuglement. Prédominance de l'un ou de l'autre des trois aspects.

e) L'acte est complet. Mort de la victime avant la mort de son meurtrier.

Lorsque les cinq facteurs ci-dessus sont présents, le meurtre est une voie karmique (Voie karmique : à l'instant de la mort, le meurtrier immédiatement entraîné dans une renaissance douloureuse) . Sinon, il peut s'agir d'un accident ou d'une inconséquence dont les effets seront, en tout cas, douloureux. 

Le degré d'intensité de la faute et du karma engendré varie selon les motifs, selon le genre — humain ou animal — de la victime.

Chacun des trois aspects de la passion peut être prédominant selon le motif qui a poussé l'homme à tuer. Si on tue par désir de manger la chair de l'animal, on agit sous l'emprise de l'attraction. Si on tue par colère et vengeance, l'aversion est prédominante. Lorsque le meurtre est accompli sous l'impulsion de vues fausses, par exemple, le sacrifice d'animaux, c'est l'aveuglement qui domine.

Parmi tous les meurtres, les plus graves sont : le meurtre d'un Maître spirituel, du père, de la mère, d'un arhat (Arhat : celui qui a obtenu le Nirvana selon les Écoles Theravada), ou d'un religieux.

2. Le vol

a) L'objet : la richesse ou la propriété d'autrui, ou bien ce qui a été offert aux  « Trois Joyaux » (Bouddha, Dharma, Sangha).

b) Conscience de l'objet : intention et désir de s'approprier le bien d'autrui, soit par la force, par tromperie ou furtivement.

c) Accomplissement de l'acte : par soi-même, par personne interposée, ou même en incitant quelqu'un à s'emparer de « ce qui n'est pas donné » (Le mot « vol » peut prêter à interprétation. L'expression « ce qui n'est pas donné » ne peut pas s'interpréter.)

d) Les trois aspects de la passion peuvent être présents, mais généralement l'attraction domine.

e) L'acte est entier dès que s'éveille la satisfaction dans l'esprit du voleur avec la pensée : « C'est à moi », même si l'objet volé demeure à la même place.

Il y a trois manières de prendre « ce qui n'est pas donné » : soit par la menace, si on vole quelqu'un de trop faible pour se défendre ; soit en s'emparant brutalement de l'objet convoité ; ou bien par fourberie et transactions malhonnêtes.

Le plus grave de tous les vols est celui d'objets offerts aux « Trois Joyaux ».

3. La luxure

a) L'objet : une personne du sexe opposé autre que le conjoint. L'époux ou l'épouse de quelqu'un d'autre. Quelqu'un placé sous la garde de parents, ou ayant un lien de parenté avec soi-même, lorsque ce lien remonte à moins de sept générations. Une personne consacrée à la vie religieuse qui a fait vœu de célibat. De plus, l'union sexuelle avec le conjoint est interdite : à proximité d'un monument religieux, d'un temple, pendant la journée, pendant les périodes menstruelles, ou lorsqu'une femme est enceinte. Enfin les pratiques contre nature sont interdites.

b) Conscience de l'intention.

c) Accomplissement de l'acte.

d) Parmi les trois aspects de la passion, l'attraction prédomine ; cependant, l'aversion et l'aveuglement sont également présents.

e) L'acte est complet dès que la jouissance, due au contact, est acceptée.

Il y a luxure dans trois cas : d'abord si les rapports ont lieu avec une personne placée sous la protection d'un parent. Ensuite dans le cas de quelqu'un qui est déjà marié. Enfin lorsqu'il s'agit d'un religieux ou d'une religieuse.

Les fautes les plus graves sont : l'inceste, le viol de sa mère, surtout lorsqu'elle est devenue religieuse et arhat.

4. Le mensonge

a) L'objet : un être humain à qui on s'adresse.

b) Conscience de défigurer la vérité. Par exemple : si on demande, avez-vous vu ? » L'interlocuteur, qui n'a rien vu, répond : Oui, j'ai vu. »

c) L'acte est accompli dès que les paroles sont prononcées, et précédées d'une pensée réfléchie.

d) Chacun des trois aspects de la passion peut être prédominant.

e) L'acte est complet dès que l'interlocuteur s'est laissé persuader. La valeur du mensonge est variable. Il peut être exprimé simplement en paroles, ou accompagné de gestes.

Il y a trois groupes de mensonges :

1. Les mensonges proférés par quelqu'un qui prétend avoir atteint des états de conscience supérieurs, alors qu'il n'en est rien, et cherche à en convaincre autrui. Ces mensonges mènent à la chute (c'est-à-dire à des renaissances douloureuses).

2. Les mensonges qui ont pour but un avantage personnel au détriment de quelqu'un d'autre. C'est forme de mensonge la plus courante.

3. Le mensonge qui n'est ni pour le bien ni pour le mal : un souhait, ou une plaisanterie. C'est un mensonge bénin.

Mais mentir à propos du Bouddha, tromper son Maître, son père ou sa mère, ces mensonges sont graves.

5. La calomnie

a) L'objet : il doit y avoir au moins deux personnes unies entre elles d'amitié.

b) La conscience de vouloir détruire cette amitié.

c) L'acte consiste à s'efforcer de créer la discorde.

d) Des trois aspects de la passion, l'aversion prédomine, mais la présence des deux autres aspects est possible.

e) L'acte est entier lorsque le sens des paroles calomnieuses a été compris par l'interlocuteur. L'effort pour empêcher la réconciliation entre dans ce même groupe d'offense.

 Il y a trois manières de calomnier :

1. On discute ouvertement le sujet de la calomnie en utilisant des paroles violentes, parfois même sous un faux prétexte d'amitié.

2. En colportant des paroles diffamatoires de 1'un à l'autre, en vue de créer la discorde.

3. Enfin, secrètement et d'une manière indirecte en faisant état des paroles d'autrui.

La calomnie qui provoque une rupture entre Maître spirituel et ses disciples, ou qui détruit l'harmonie dans une communauté monastique sont les deux cas de calomnie les plus graves.

6. Les paroles injurieuses

a) L'objet : une personne, autre que soi-même, à qui on s'adresse.

b) La conscience et la décision d'injurier.

c) Proférer les injures.

d) Les trois aspects de la passion peuvent être présents, mais l'aversion est, généralement, prédominante.

e) L'acte est complet aussitôt que l'interlocuteur a compris le sens des paroles injurieuses.

 Il y a trois manières d'injurier : injurier face à face pour humilier l'interlocuteur. Injurier indirectement par l'intermédiaire d'une tierce personne, de manière à blesser celui à qui les injures sont destinées. Enfin, insulter indirectement au cours d'entretiens avec les amis de celui à qui les injures s'adressent ; une lettre, encore, fournit une occasion injurier.

Les fautes les plus graves sont le fait d'injurier un arya (Arya : celui qui est délivré de l'ignorance), ou ses père et mère.

7. Les paroles inutiles

a) L'objet : une personne autre que soi-même.

b) Conscience de se livrer à un bavardage inutile et insouciant.

c) L'acte est accompli aussitôt que débutent les bavardages, anecdotes et chansons dénuées d'utilité.

d) Les trois aspects de la passion s'y trouvent mêlés, mais l'aveuglement prédomine.

e) L'acte est entier dès que les paroles futiles sortent de la bouche.

Il y a trois sortes de paroles inutiles : les prières que l'on adresse à de fausses divinités, les bavardages mondains, fictions et plaisanteries ; enfin, donner l'enseignement du Dharma à quelqu'un qui n'est pas préparé à le recevoir.

De toutes les paroles inutiles, les plus nocives sont celles qui entraînent à la distraction quelqu'un dont la vie est vouée au Dharma.

8. La convoitise

a) L'objet : la richesse ou les possessions d'autrui.

b) La conscience : le désir et l'espoir de posséder les biens d'un autre.

c) L'acte est accompli dès l'instant où l'on établit un plan pour s'emparer de ces biens.

d) Les trois aspects de la passion sont présents, mais l'attraction prédomine.

e) L'acte est complet lorsque les plans sont prêts et que l'on n'éprouve aucun sentiment de honte vis-à-vis de soi-même, ni vis-à-vis des autres.

Il y a trois sortes de convoitise : on peut convoiter des biens appartenant à sa famille, ou bien ceux des autres ; on peut aussi convoiter des biens n'appartenant à personne.

La forme de convoitise la plus grave est celle de biens appartenant à une communauté religieuse.

9. La méchanceté

a) L'objet : un être vivant autre que soi-même.

b) Conscience d'avoir l'intention de tuer, battre, détruire.

c) L'acte est accompli aussitôt que les plans sont prêts pour parvenir à son but.

d) Les trois aspects de la passion sont présents, mais l'aversion prédomine.

e) L'acte est complet lorsque le fait de tuer, battre ou détruire apparaît comme une vertu, dès que l'on cesse de porter l'attention vers le bien, l'amitié, la compassion.

La méchanceté a trois aspects :

1. Tuer par haine pure, par malveillance : c'est le cas du soldat aveuglé sur le champ de bataille.

2. Réfléchir sur la meilleure manière de nuire à son ennemi.

3. Ressentir de l'hostilité à l'égard de quelqu'un qui, autrefois, vous a porté préjudice mais qui, entre-temps, s'est excusé.

La forme de méchanceté la plus grave est celle qui entraîne à commettre un crime de karma immédiat : tuer son père, sa mère, un arhat, verser le sang d'un Bouddha, provoquer un schisme dans le Sangha. Ce sont les «cinq grands crimes», ceux dont il est dit qu'ils entraînent l'homme en enfer à l'instant même de sa mort, sans état intermédiaire (bardo).

10. Les vues fausses

a) L'objet : tous les dharma purs et impurs du mental.

b) Conscience : une opposition consciente à la notion de causalité, à savoir qu'il n'existe aucun  dharma bon ou mauvais, et qu'aucun d'eux ne porte de fruit.

c) L'acte consiste en une réflexion soutenue sur cette opinion.

d) Des trois aspects de la passion, l'aveuglement est le plus fort, mais les deux autres aspects sont également présents.

e) L'acte est complet dès que l'homme, noyé dans les vues fausses, est lui-même convaincu de non-existence du bien et du mal ; lorsqu'il nie la causalité et qu'il n'a ni vue juste ni compréhension.

Il y a trois classes de vues fausses :

1. La négation du karma engendré par le bien et le mal et l'affirmation que tout ce qui existe est sans cause. Cette vue fausse sape la loi de causalité.

2. L'affirmation selon laquelle, bien qu'il y ait voie une pratique, et quand bien même on la suivrait, on ne pourra pas obtenir la Libération. Cette vue  fausse sape les « Quatre Nobles Vérités ».

3. La négation du Bouddha lui-même, c'est dire la négation qu'un être ait obtenu l'Illumination par ses propres efforts. La négation du Dharma fondée sur l'Illumination. La négation du but du Sangha : l'Illumination. Cette vue fausse élève une critique destructive contre les Trois Joyaux.

De tous les karma d'un mental au pouvoir des passions, cette troisième classe de vues fausses est la plus grave.

L'observance de ces Dix Préceptes protège contre les actions qui engendrent un mauvais karma.

*

II° - CONDUITE MORALE,
CONCENTRATION, SAGESSE

(Bouddhisme Theravada)

(par S. N. Goenka, Extrait de "Pour comprendre le Bouddhisme",
Textes rassemblés par S. Bercholz et S. Chödzin Kohn, Pocket n°4794)

( avec l’aimable autorisation des éditions Pocket )

La pratique de la conduite morale

Notre but est de supprimer la souffrance en supprimant ses causes : l'ignorance, l'attachement et l'aversion. Pour atteindre ce but, le Bouddha découvrit, suivit et enseigna une méthode qui conduit à la réussite. Il la nomma le Noble Sentier Octuple. Un jour qu'on lui demandait de l'expliquer simplement, le Bouddha dit :

S'abstenir des actions préjudiciables,

Accomplir celles qui sont bénéfiques,

Purifier son esprit,

Tel est l'enseignement des Éveillés.

C'est un exposé très clair, acceptable par tous. Chacun convient sans peine qu'il devrait éviter les actions dommageables et accomplir celles qui sont positives. Mais comment définit-on ce qui est positif ou dommageable, bénéfique ou préjudiciable ? Lorsque nous le faisons, nous nous appuyons sur nos conceptions, sur nos croyances traditionnelles, sur nos préférences et nos préjugés, et, par conséquent, nous donnons des définitions étroites et sectaires que certains peuvent accepter et d'autres non. A la place de ces interprétations étroites, le Bouddha a offert une définition universelle du sain et du malsain, de la piété et du péché. Toute action qui blesse les autres, qui trouble leur paix et leur harmonie, est une action mauvaise et préjudiciable. Toute action qui aide les autres, qui contribue à leur paix et à leur harmonie est une action pieuse et salubre. En outre, l'esprit se purifie vraiment, non pas en pratiquant des cérémonies religieuses ou des exercices intellectuels, en expérimentant directement la réalité de soi-même et en oeuvrant systématiquement pour supprimer le conditionnement qui est source de souffrance.

Le Noble Sentier Octuple peut être divisé en trois étapes qui sont Shîla — la conduite éthique, l'abstention de toutes actions préjudiciables par le corps et par la parole —, Samâdhi — qui est la pratique de la concentration, le développement de la capacité de diriger et contrôler consciemment son propre processus mental — et Prajnâ — qui est la sagesse, le développement de l'intuition purificatrice de sa propre nature.

La valeur de la conduite éthique

Quiconque veut pratiquer le Dharma doit commencer par pratiquer Shîla. C'est le premier pas sans lequel il est impossible d'avancer. Nous devons nous abstenir de toutes les actions, tous les mots et tous les actes blessent les autres. Cela peut se comprendre : toute société requiert un tel comportement de ses membres pour éviter l'anarchie. Mais, en fait, nous nous abstenons des actions de ce type non seulement parce qu'elles blessent les autres, mais encore parce qu'elles nous atteignent nous-mêmes. On ne peut commettre une action préjudiciable — insulter, tuer, voler, violer —, sans engendrer une grande agitation de l'esprit, un grand appétit, une grande répulsion. Ce moment d'appétit et de répulsion produit du malheur sur l'instant et davantage encore dans l'avenir.

Il existe une autre raison d'entreprendre la pratique de Shîla. Nous souhaitons nous soumettre à notre propre examen, afin d'obtenir l'intuition de notre réalité profonde. Cela suppose un esprit parfaitement calme et serein. On ne peut voir dans les profondeurs d'un puits quand l'eau est trouble. L'introspection réclame une pensée tranquille, libre de toute agitation. Chaque fois que nous commettons une action préjudiciable, notre esprit est en proie au trouble. Mais, si nous nous abstenons de toute action préjudiciable, physique ou verbale, alors seulement l'esprit a la chance d'être assez apaisé pour pouvoir pratiquer l'introspection.

Il existe encore une autre raison pour laquelle Shîla est essentiel : le pratiquant du Dharma s'efforce d'atteindre le but final, la libération de toute souffrance. Tant qu'il s'y emploie, il ne saurait être impliqué dans des actions qui renforceraient précisément les habitudes mentales qu'il cherche à éradiquer. Toute action qui fait du mal aux autres est nécessairement causée et accompagnée par l'attachement, l'aversion et l'ignorance. Commettre de telles actions, c'est faire deux pas en arrière pour chaque pas en avant sur le sentier, gâcher tout progrès qui mène au but.

Shîla est donc nécessaire non seulement au bien de la société, mais aussi au bien de ses membres, et cela non seulement pour le bien terrestre de l'individu, mais aussi pour tout progrès sur le sentier du Dharma. Trois parties du Noble Sentier Octuple entrent dans la pratique de Shîla : parole juste, action juste, et vie juste.

La parole juste

La parole doit être pure et bénéfique. Or, on atteint la pureté en supprimant l'impureté, et il faut donc comprendre en quoi consistent les paroles impures. De tels actes incluent le mensonge, ce qui signifie dire plus ou moins que la vérité ; propager des rumeurs qui brouillent nos amis ; les commérages et les calomnies ; user de paroles dures qui blessent les autres sans avoir d'effets bénéfiques, les papotages oiseux, les bavardages insignifiants qui ne font que gâcher son temps et celui des autres en font également partie. S'abstenir de toutes ces paroles impures ne laisse plus rien subsister que la parole juste.

Cela n'est pas seulement un concept négatif. Le Bouddha a ainsi décrit celui qui pratique la parole juste : « Il dit la vérité, il est inébranlable en véracité, digne de confiance, fiable, franc avec les autres. Il apaise les querelles et encourage la bonne entente. Il se délecte de l'harmonie, recherche l'harmonie, se réjouit de l'harmonie, et crée l'harmonie par ses paroles. Son discours est courtois, agréable à entendre, plaisant, il réchauffe les cœurs, est noble, agréable, et apporte le réconfort à beaucoup. Il parle au moment juste, conformément au fait, suivant ce qui est bon, suivant le Dharma et le code de conduite. Ses paroles sont dignes d'êtres retenues, elles viennent au bon moment, suivent un bon raisonnement, elles sont bien choisies et propices. »

L’action juste

L'action doit également être pure. Comme pour la parole, nous devons comprendre en quoi consiste l'action impure pour l'éviter. De tels actes comportent : le meurtre, le vol, l'inconduite sexuelle, par exemple le viol ou l'adultère, et l'intoxication, c'est-à-dire le fait de perdre ses sens au point de ne plus savoir ce que l'on fait ou ce que l'on dit. Éviter ces quatre actions impures ne laisse subsister que l'action juste, l'action bénéfique.

De nouveau, nous voilà en présence d'un concept n'est pas uniquement négatif. Décrivant celui qui pratique l'action physique juste, le Bouddha dit : « N'utilisant ni le bâton ni l'épée, il prend soin de ne blesser personne, est plein de bonté et cherche le bien toutes les créatures vivantes. Il ne vit pas à la dérobée mais comme un être pur. »

Les préceptes

Pour les gens engagés dans la vie terrestre, la voie pour mettre en œuvre la rectitude de parole et la rectitude d'action consiste à suivre les cinq préceptes qui sont : 

1) s'abstenir de tuer toute créature vivante ; 

2) s'abstenir de voler ;

3) s'abstenir d'inconduite sexuelle ;

4) s'abstenir de paroles fausses ;

5) s'abstenir d'user de drogues.

Ces cinq préceptes sont le minimum essentiel nécessaire à la règle morale. Celui qui veut pratiquer le Dharma doit les suivre.

La vie juste

Chacun doit assurer ses ressources de façon juste. Il existe deux critères du mode de vie juste. En premier lieu, il ne faut pas que l'on soit obligé d'enfreindre les cinq préceptes dans son travail, puisque à l'évidence cela serait préjudiciable aux autres. Ensuite, il ne faut rien faire qui encourage les autres à enfreindre les cinq préceptes, puisque cela produirait également du mal. Nos moyens d'existence ne doivent ni directement ni indirectement impliquer quelque mal pour un autre. Ainsi, tout moyen d'existence qui suppose que l'on tue, un homme ou un animal, n'est à l'évidence pas un mode de vie convenable. Mais, même si le meurtre est accompli par d'autres ou si le travail suppose l'usage de morceaux d'animaux abattus, leur peau, leur chair, leurs os, etc., ce n'est pas un moyen d'existence acceptable car il repose sur les mauvaises actions des autres. Vendre de l'alcool ou d'autres drogues peut être très profitable mais, même si l'on s'abstient d'en consommer, le fait de les vendre encourage les autres à faire usage de produits toxiques et donc à se faire du mal à eux-mêmes. Tenir une maison de jeu peut rapporter gros, mais tous ceux qui viennent y parier se font du mal à eux-mêmes. Vendre des poisons ou des armes, des munitions, des fusils, des missiles peut être une bonne affaire, mais cela menace la paix et l'harmonie des foules. Rien de tout cela ne constitue un moyen d'existence juste.

Il en va de même dans le cas d'un travail qui, même s'il ne blesse pas effectivement les autres, est accompli dans l'intention de faire souffrir les autres. Tel est le cas du médecin qui espère qu'il y aura une épidémie ou du négociant qui attend une famine.

Chaque être humain est membre d'une société, nous accomplissons nos obligations envers cette société par le travail que nous faisons et en étant utiles à nos semblables de diverses manières. En retour, nous en recevons les moyens de subsister. Même un moine, un reclus, a son propre travail par lequel il gagne les aumônes qu'il reçoit. Ce travail est de purifier son esprit pour le bien de tous. S'il commence à exploiter les autres en les trompant, en faisant des tours de magie, ou en se vantant faussement de réalisation spirituelle, alors ce moine n'a pas des moyens d'existence juste.

Quel que soit le salaire que nous recevons pour notre travail, nous devons l'utiliser pour assurer notre subsistance et celle des personnes qui dépendent de nous. S'il y a un surplus, au moins une partie de celui-ci doit être rendue à la société et affectée au bien des autres. Si notre intention est de jouer un rôle social utile d'assurer notre subsistance et d'aider les autres, alors notre travail constitue un moyen d'existence juste.

Signe de fin