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UNE TRIBU DE VOLEURS AUX INDES
VERS 1900

Cité dans Sutherland et Cressey (Principes de criminologie, éd. Cujas 1966)

Les diverses régions des États Unis connaissent des variations dans les taux de criminalité. Le nombre des homicides connus de la police en 1958 variait de 1,5 pour 100.000 habitants en Nouvelle-Angleterre à 9,5 dans les États de la côte Sud de l’Atlantique ; le nombre des vols avec violence variait de 16,81 dans les États de la Nouvelle-Angleterre à 75,2 dans les États du Pacifique. La Nouvelle-Angleterre avait également le taux le plus faible pour les coups et blessures et les vols d’automobiles. Les États de la côte Sud de l’Atlantique venaient en tête pour les vols avec violence ou avec effraction, les vols et les vols d’automobiles. En général, chaque région conserve à peu près le même rang d’une année à l’autre et ce rang demeure le même, que le taux de la criminalité soit calculé pour les grands centres ou pour les petites villes de la région considérée. Reckless attribue ces variations aux différences entre les traditions de discipline et entre les formes d’organisation des collectivités.

On en trouve un exemple, bien que sous une forme particulièrement accentuée, dans les tribus criminelles de l’Inde.

La tribu des Bhamptas est la source d’innombrables difficultés. Ils sont originaires du Decan, mais leur terrain d’action est illimité. Ils se répandent dans l’Inde tout entière et vont jusqu’en Assam ; aucun chemin de fer n’échappe au fléau Bhampta...

Le Bhampta est un pickpocket d’une merveilleuse habileté et un spécialiste du vol dans les trains. Il fréquente les foires, les aérodromes, les bazars, les temples, en un mot tous les endroits où il y a foule. Il est toujours à l’affût de sa proie...

Les Bhamptas font l’apprentissage du crime dès leur plus tendre enfance, aussi n’est-il pas surprenant qu’ils deviennent extrêmement habiles. Les enfants sont initiés à la profession qui sera la leur en apprenant à chaparder chaussures, noix de coco et tout ce qui leur tombe sous la main. S’ils se montrent peu doués ou incapables, des coups de bâton viennent stimuler leur zèle. Les jeunes garçons deviennent rapidement très adroits...

Les adultes travaillent généralement par petites bandes de trois ou quatre. L’un d’eux se saisira subrepticement d’un bijou porté par quelqu’un dans la foule ou videra adroitement le contenu d’une poche, ou encore bousculant la victime lui arrachera hardiment son sac ou sa serviette et passera aussitôt son butin à l’un de ses complices qui, à son tour, le transmettra à un autre ; et dans un temps record, les objets volés auront fait bien du chemin...

Qu’un Bhampta aperçoive dans la rue un étranger à l’air prospère, il se met aussitôt à rouer de coups un enfant. L’enfant crie, hurle et se réfugie auprès de l’étranger qui le protège de son corps et commence à faire des remontrances au Bhampta. Ce dernier, paraissant fort en colère, arrache l’enfant à son protecteur tandis que le jeune voyou, qui a été bien éduqué, se débat et distribue des coups de pied de son mieux. Le sympathisant, lassé, est trop heureux de laisser l’enfant s’éloigner. Un moment plus tard, il s’aperçoit que son portefeuille a disparu.

(Edmund C. Fox, « La police et les crimes aux Indes » Londres 1911)

Lottier a analysé le taux de criminalité aux États Unis selon les régions, et constaté que la plus grande concentration des homicides se rencontrait dans les États du Sud-Est avec des paliers réguliers vers le Nord et l’Est ; le vol avec effraction était concentré dans les États du Centre, le long d’un axe allant du Kentucky et du Tennessee au Colorado, avec des taux décroissants de part et d’autre de cet axe. Shannon reprit cette enquête quinze ans plus tard et retrouva, pour l’essentiel, la même distribution. Les taux des infractions contre les personnes faisaient ressortir une concentration régionale marquée, mais les infractions contre les biens n’obéissaient pas aux mêmes lois de concentration, sans doute parce qu’elles n’étaient pas calculées en fonction de la valeur totale des biens existant dans les États en question.

Certaines catégories de villes ont aussi des taux de criminalité élevés. Lombroso rapporta que dans chaque province d’Italie, certains villages étaient particulièrement connus pour certaines infractions ; l’un pour le nombre des meurtres qui s’y perpétraient, l’autre pour ses vols avec violence, un troisième pour ses escroqueries. Ainsi, dans le village d’Artena, les vols de grand chemin étaient en moyenne trente fois plus nombreux que dans les autres villages italiens, et le village était connu depuis le XIIe siècle pour être le repaire de brigands.

Signe de fin