UN COURS DE VOL à LA TIRE
raconté par l’innocent Oliver Twist (dans le livre de Dickens)
(Des maîtres plus fortunés utilisaient un mannequin couvert de grelots
tintant à la moindre fausse manœuvre de l’apprenti voleur).
La table une fois desservie, le joyeux vieillard et les deux gamins se mirent à jouer à un jeu vraiment peu banal.
Voici en quoi il consistait : le juif mettait une tabatière dans une poche de son pantalon, et un carnet dans l’autre; puis il plaçait dans une poche de son gilet une montre munie d’une chaîne de sûreté fixée autour de son cou; enfin, il piquait une épingle de faux diamant sur le devant de sa chemise, ajustait son habit qu’il boutonnait avec soin, fourrait dans ses poches son mouchoir et son étui à lunettes, et commençait à arpenter la pièce, une canne à la main, en singeant la manière dont les vieux messieurs se promènent dans les rues à toute heure du jour.
Il s’arrêtait parfois devant la cheminée, parfois devant la porte, feignant de contempler des vitrines avec la plus vive attention. A ces moments-là, il regardait constamment autour de lui, de peur des voleurs, et n’arrêtait pas de tapoter toutes ses poches l’une après l’autre pour vérifier qu’il n’avait rien perdu tout cela avec tant de naturel et d’un air si drôle qu’Olivier ne pouvait s’empêcher de rire aux larmes. Pendant ce temps, les deux gamins le suivaient de près, et, chaque fois qu’il se retournait, ils se dérobaient à sa vue avec tant de vivacité qu’il était impossible de suivre leurs mouvements.
A la fin, le Roublard lui marchait sur les pieds ou se prenait dans ses jambes, tandis que Charley Bates trébuchait et le heurtait par-derrière; alors, en ce seul instant, ils lui enlevaient, avec une rapidité stupéfiante, tabatière, carnet, chaîne de sûreté, montre, épingle, mouchoir, sans oublier l’étui à lunettes.
Si le vieux monsieur sentait une main dans une de ses poches, il disait à voix haute où elle se trouvait ; sur quoi, il fallait recommencer le jeu depuis le début.
* *
*
Le Code pénal de l’ancien Cambodge, dans l’édition Leclère, disposait :
Quiconque se rend complice d’un voleur … en lui donnant des leçons de vol, subira la même peine que le voleur.
Quiconque enseigne à un malfaiteur la manière de faire usage d’une arme quelconque pour tuer quelqu’un subira la même peine que l’assassin.
* *
*
Une Académie du crime ouvre ses portes à Mexico
Un reporter du quotidien El Universal a révélé en janvier 2003 à ses lecteurs l’existence d’une école spéciale du crime dans laquelle il avait réussi à se faire admettre comme « candidat délinquant » au prix de 20 dollars la semaine. Dans cette école spécialisée, les étudiants, aspirants voleurs et kidnappeurs, très assidus à des cours intensifs apprennent l’art de voler et celui de la séquestration. Cours particulier également très suivi sur le vol traditionnel de véhicule, jusqu’à celui très délicat des nouveaux véhicules équipés des derniers gadgets en matière d’alarme et de sécurité.
Le professeur principal, précise l’AFP, surnommé El Urco, enseigne en un tour de main le maniement des « instruments de classe » : des pinces-monseigneur, des crochets, des grandes lames, des couteaux, du fil de cuivre et le pistolet calibre 22.
Toujours selon la même source, « les travaux pratiques s’enchaînent vite sur des voitures volées, entassées dans la cour intérieure de l’école. Le tout filmé sur vidéo pour corriger toute faute de doigté. Puis, en compagnie d’un "assistant", les vols se font dans les rues mêmes sur des voitures en stationnement ».
Ces cours étant bien assimilés, les élèves « n’ayant pas droit à l’erreur », on passe à la phase « séquestration express », « comment attaquer un automobiliste à un feu rouge, pistolet au poing, le plaquer au sol, le dépouiller de ses biens, vider ses comptes avec sa carte de crédit, ou même demander à sa famille une rançon pas trop élevée pour être sûr de la recevoir sur-le-champ ».
Puis, pendant quelques mois, les « diplômés » lâchés dans les rues doivent remettre à leur professeur 80 % de leurs bénéfices.