COMPLAINTE DE MANDRIN
( Chanson traditionnelle – En guise de conclusion )
Nous étions vingt ou trente,
Brigands dans une bande,
Tous habillés de blanc,
A la mod’ des,
Vous m’entendez ?
Tous habillés de blanc,
A la mod’ des marchands.
La première volerie,
Que je fis dans ma vie,
C’est d’avoir goupillé,
La bourse d’un,
Vous m’entendez ?
C’est d’avoir goupillé,
La bourse d’un curé.
J’entrai dedans sa chambre,
Mon Dieu qu’elle était grande !
J’y trouvai mille écus,
Je mis la main,
Vous m’entendez ?
J’y trouvai mille écus,
Je mis-la main dessus.
J’entrai dedans une autre,
Mon Dieu qu’elle était haute !
De rob’s et de manteaux,
J’en chargeai trois,
Vous m’entendez ?
De rob’s et de manteaux,
J’en chargeai trois chariots.
Je les portai pour vendre,
À la foire en Hollande,
Les vendis bon marché,
Ne m’avaient rien,
Vous m’entendez ?
Les vendis au marché,
Ne m’avaient rien coûté.
Ces Messieurs de Grenoble,
Avec leurs longues robes,
Et leurs bonnets carrés,
M’eurent bientôt,
Vous m’entendez ?
Et leurs bonnets carrés,
M’eurent bientôt jugé.
Ils m’ont jugé à pendre,
Ah ! C’est dur à entendre !
À pendre et étrangler,
Sur la place du,
Vous m’entendez ?
À pendre et étrangler,
Sur la place du Marché.
Monté sur la potence,
Je regardai la France,
J’y vis mes compagnons,
À l’ombre d’un,
Vous m’entendez ?
J’y vis mes compagnons,
À l’ombre d’un buisson.
Compagnons de misère,
Allez dire à ma mère,
Qu’elle ne m’ reverra plus,
J’suis un enfant,
Vous m’entendez ?
Qu’elle ne m’ reverra plus
J’suis un enfant perdu.
NB : La complainte était une chanson populaire, contant les malheurs d’une personne (soldat perdu, amant délaissé…). Elle était entonnée par des chanteurs des rues qui en vendaient le livret. Elle a souvent donné lieu à des Images d’Épinal.
En réalité Louis Mandrin fut condamné au supplice de la roue, qu’il subit à Valence le 26 mai 1755.