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LE CRIMINEL D’HABITUDE

Extrait de « Le crime et la société »
de J. MAXWELL ( Paris 1924 )
Docteur en médecine
Substitut du Procureur général près la Cour d’appel de Paris

Cet auteur se situe à mi-parcours, entre les défricheurs
de la sociologie et de l’anthropologie criminelle,
et la doctrine contemporaine nettement plus circonspecte.

Il ne renie pas les initiateurs de ces disciplines,
mais il s’efforce d’affiner leurs analyses
et de gommer certains de leurs excès.

Quand on étudie le criminel d’habitude, on reconnaît bien vite qu’il se présente à l’observation sous deux aspects différents : tantôt il apparaît comme un individu fatalement voué au crime, tantôt, au contraire, comme un individu qui aurait pu ne pas devenir criminel s’il s’était développé dans des conditions autres que celles où il a été placé. La criminalité d’habitude est congénitale ou acquise, comme les infirmités.

Je ne puis songer à donner une classification détaillée de tous les types de criminels habituels dans un livre qui n’a pas la prétention d’épuiser le sujet ; je me bornerai à en indiquer les spécimens principaux. Le lecteur comprendra ainsi l’importance capitale de la distinction de la criminalité habituelle en criminalité innée ou criminalité acquise.

A -  Criminalité habituelle congénitale

Les criminels-nés me paraissent pouvoir être répartis en trois grandes catégories.

1° L’aliéné criminel ; quel que soit l’âge auquel l’aliénation mentale se déclare, elle parait résulter d’une prédisposition héréditaire, par conséquent d’une tare congénitale. Il y a des cas, assez rares d’ailleurs, où la folie semble consécutive à un accident (traumatisme, maladie), mais alors la prédisposition au crime dépend d’une altération pathologique de l’économie individuelle et présente tous les caractères de la prédisposition congénitale. Elle ne peut être combattue par les moyens qui réussissent quelquefois dans les cas de prédispositions acquises.

Je ne reviens pas sur les principaux caractères de la criminalité des aliénés, je m’en suis déjà expliqué.

2° Le criminel-né du type lombrosien. Les criminels de cette catégorie ont été surtout étudiés par l’école italienne, sous l’impulsion énergique de son illustre chef, Lombroso. Son œuvre a été vivement attaquée, surtout par les Allemands, mais les théories exposées dans ses principaux ouvrages me semblent l’expression de la vérité. (L’Uomo delinquente, trad. L’Homme criminel, Paris, Alcan ; L’Anthropologie criminelle, Paris, Alcan, etc.).

Les criminels du type lombrosien ont l’apparence de sauvages préhistoriques égarés dans nos sociétés modernes ; on observe chez eux le développement des sinus frontaux, des mâchoires, de l’arcade zygomatique, l’existence des apophyses lémuriennes, l’insensibilité à la douleur, le goût des tatouages. À ces signes physiques de régression correspondent des tares psychiques qui font de ces criminels des êtres incapables de s’adapter à notre civilisation ; ils ont les mœurs des tribus barbares de l’Australie, analogues sans doute à celles de nos ancêtres de l’époque des cavernes. Ils sont enclins aux actes de violence, par cupidité ou par vengeance, car ils sont très vindicatifs, et aux viols. On rencontre des criminels de ce genre parmi les auteurs d’assassinats, de meurtres, de vols commis avec violence, avec escalade ou effraction, sur les grands chemins.

Il ne faut pas généraliser à l’excès ces indications et s’imaginer que tous les criminels coupables de viols, de meurtres, d’assassinats, soient du type lombrosien; une telle généralisation serait injuste ; il convient de se borner à reconnaître que la proportion des criminels du type lombrosien est beaucoup plus forte chez les auteurs des infractions, dont je viens d’énumérer les principales, que dans tous les autres cas. C’est une observation si juste que la sagesse des nations, c’est-à-dire le langage usuel, en a incorporé le résultat ; l’expression « avoir une tête d’assassin » est plus qu’une image.

Le trait distinctif de ces criminels est d’être inadaptables à nos états sociaux civilisés. Sergi, précisant des observations déjà anciennes, a proposé une explication assez intéressante de ce fait ; il assimile le développement moral au développement physique, en ce sens que la vie sociale amène des modifications successives des concepts moraux ; les notions héréditairement acquises au cours de la vie sociale sont stratifiées, les plus récentes constituant les couches supérieures; ce serait un mécanisme comparable à celui de la mémoire, dans lequel cette stratification est bien apparente ; chez le criminel-né, les strates modernes n’existeraient pas, et la moralité serait celle des sauvages. Il faut en dire presque autant de la mentalité, car l’intelligence des criminels-nés lombrosiens est souvent, on peut même dire est toujours, inférieure à la moyenne.

On peut comparer ces délinquants aux invertis sexuels, les uns comme les autres ont une idiosyncrasie particulière, qui ne leur permet pas de s’accommoder des mœurs sociales ou de l’amour physiologique.

3° Les amoraux constituent pour moi un troisième groupe de criminels d’habitude ; ils ont une physionomie spéciale, qui ne rend pas possible leur assimilation au criminel-né, bien que leur criminalité soit due à des facteurs congénitaux ; ces criminels sont dans une certaine mesure bien adaptés à la civilisation, ce qui les distingue des précédents ; ils sont rarement des violents et n’ont pas l’aspect brutal que donne ordinairement au visage des délinquants lombrosiens la saillie des arcades sourcilières, le volume des mandibules et le peu d’élévation du front. Ils ont toutefois assez souvent des stigmates évidents de dégénérescence.

Les infractions qui leur sont familières sont celles dans lesquelles la duplicité et la ruse jouent le rôle principal ; l’escroquerie est leur domaine propre et leur physionomie est bien connue des magistrats ; ils déploient souvent une grande ingéniosité dans les procédés qu’ils mettent en œuvre pour s’approprier les fonds d’autrui.

Beaucoup d’entre eux échappent à toute répression, parce que ces individus, qui sont cependant de dangereux criminels, savent quelquefois admirablement respecter le texte de la loi. On en trouverait qui ont fait fortune en spéculant sur la naïveté du public ; que de sociétés diverses, faisant de toutes manières appel au crédit, ne sont au fond que d’audacieuses escroqueries !

On observe encore, parmi les amoraux, un genre de criminels dont la physionomie est très particulière : les maîtres chanteurs ; il en existe deux types généraux. Les uns font métier de prélever leur dîme sur les sociétés financières en les menaçant d’attaques dans les journaux spéciaux ; ce genre de chantage est propre à certains écumeurs de presse, indignes d’être appelés des journalistes ; leurs victimes habituelles sont les banquiers, les administrateurs de sociétés anonymes, financières, industrielles, commerciales. Ces délinquants évitent le plus souvent les poursuites qu’ils méritent, car les plaintes sont rares ; les établissements qui ont besoin du crédit et de la confiance aiment mieux payer que subir des attaques, même sans fondement. La rubrique frais de publicité hospitalise ces dépenses.

Un second type de maîtres chanteurs exploite les passions sexuelles ; ceux-ci sont plus souvent punis que les premiers. Les relations hétérosexuelles exposent les deux sexes au chantage ; l’homosexualité y expose plutôt les hommes. Les pédérastes professionnels sont presque toujours des maîtres chanteurs, car la prostitution dégrade le mâle plus encore que la femelle. Il y a dans l’association fréquente de l’inversion sexuelle masculine et de la criminalité par extorsion, due à l’amoralité congénitale, un phénomène intéressant, qui justifie la comparaison faite entre l’inversion sexuelle et la criminalité habituelle innée.

Un dernier groupe de criminels d’habitude devrait être formé d’une catégorie très nettement caractérisée de délinquants, les vagabonds et, dans une certaine mesure, les mendiants. On ne doit pas les confondre avec les précédents, car ils s’en différencient à plusieurs points de vue. Physiquement, ils ont quelque ressemblance avec les criminels lombrosiens, mais ils s’en distinguent par leur innocuité relative. Il y a des vagabonds et des mendiants qui ont de très nombreuses condamnations pour leurs spécialités, sans en avoir une seule pour vol ou pour violences. Le problème que soulève leur étude est assez compliqué ; quelques-uns sont des malades, d’autres ne sauraient être considérés comme tels, bien que leurs impulsions aux fugues, caractéristiques du tempérament du vagabond de carrière, soient en apparence irrésistibles ; une horreur congénitale du travail, une inaptitude innée à l’acceptation de toute règle, paraissent être les notes dominantes de leur caractère.

Telles me semblent être les principales catégories de criminels d’habitude ; il ne faut pas croire que tous les individus qui ont les caractères du cri­minel d’habitude commettent des infractions ; les circonstances ambiantes ont leur action sur le développement de la criminalité, dont l’évolution individuelle dépend presque toujours d’un élément occasionnel.

On pourra me reprocher de ne pas comprendre dans cet essai de classification des criminels d’habitude certains délinquants, tels que les sadiques et les incendiaires ; je les ai volontairement omis, car je suis disposé à penser que ces types criminels, d’ailleurs très nets cliniquement, doivent être rangés dans la première catégorie, celle des aliénés.

Si l’on examine la classification des criminels non aliénés, c’est-à-dire ceux des trois dernières catégories, on remarquera les particularités suivantes, qu’il est bon de connaître : le criminel du type lombrosien représente à quelques points de vue un stade ancien de l’évolution humaine, il semble avoir subi une sorte d’arrêt de développement, ou plus exactement il constitue un retour au type ancestral. Ce retour atavique se manifeste par des caractères anatomiques, physiologiques, psychiques.

On retrouve une partie de ces caractères chez les vagabonds et les mendiants d’habitude, mais en général les stigmates somatiques et psychiques sont chez eux moins nombreux et moins marqués ; notamment, l’agressivité qui se rencontre chez les criminels lombrosiens ne s’observe pas chez les vagabonds ; quelques-uns de ceux-ci peuvent avoir un vif sentiment de la poésie de leur vie indépendante ; l’un d’eux décrivait avec conviction le charme de ses pérégrinations errantes et sans but ; c’est ainsi qu’il qualifiait son incorrigible penchant au vagabondage.

Le vagabondage et la mendicité sont ordinairement accouplés, en ce sens que le vagabond mendie volontiers ; il y a cependant une nuance entre ces deux délits ; le vagabond essentiel est une sorte d’artiste, alors que le mendiant est un parasite par nature ; c’est un paresseux, qui demande l’aumône et au besoin l’exige. D’ailleurs, mendiants et vagabonds commettent facilement une foule de petits vols : ils maraudent.

Les délinquants de la troisième catégorie sont, en général, plus intelligents que les autres ; ils ne sont pas réfractaires à la vie sociale actuelle ; ils semblent, au contraire, y être trop à leur aise; ce sont des pirates. Comme je l’ai indiqué, si un arrêt de développement s’est produit chez eux, cet arrêt de développement ne porte que sur l’ensemble des idées morales. On connaît encore assez mal l’état d’esprit de ces délinquants, dont les plus redoutables esquivent habituellement la prison. Ils se séparent des autres catégories par un trait qui me semble devoir être signalé ; chez eux, la tendance criminelle résulte de l’absence des inhibitions existant chez les individus dits normaux ; les autres criminels, par disposition congénitale, peuvent manquer d’associations psychiques inhibitives, mais ce qui les caractérise, c’est moins l’absence des inhibitions que l’énergie des stimulants au crime.

B -  Criminalité habituelle acquise

La criminalité habituelle acquise est essentiellement différente de la précédente; alors que les moyens de prévenir la criminalité congénitale sont rares et difficiles à employer, les procédés qui peuvent être mis en œuvre pour combattre l’évolution de la criminalité habituelle acquise ne font pas défaut. Au point de vue sociologique pratique, cette différence est considérable.

Les mauvaises conditions dans lesquelles s’est trouvé placé l’individu, surtout pendant la jeunesse et l’enfance, sont la cause de la criminalité habituelle acquise. Ces mauvaises conditions sont de plusieurs sortes ; en premier lieu, il faut compter l’éducation donnée pendant les jeunes années ; en second lieu, les mauvais exemples, soit qu’ils proviennent des parents, ce qui rentre dans le cas précédent, soit qu’ils proviennent des fréquentations personnelles. L’effet des mauvais exemples et des mauvais conseils se constate non seulement sur les jeunes gens, mais encore sur les individus d’âge mur ; Tarde a mis en relief l’importance de l’imitation dans les phénomènes sociaux, et la criminalité habituelle acquise est un fait de ce genre.

Elle s’offre à l’observation sous des formes nombreuses et il est fort malaisé d’en donner une classification complète ; je crois, cependant, que l’on peut la subdiviser en trois groupes élémentaires, dont les caractéristiques seraient d’abord la perversion, ensuite la débilité, enfin l’excitation. Ces groupes ont un trait commun qui les distingue des classes de criminels congénitaux ; les délinquants qui les composent, plus encore que les amoraux, manquent de ces énergies inhibitrices dont est faite la moralité ; chez eux aussi, le stimulant au crime manque de force. Ils sont adaptés à la vie criminelle, plutôt que faits pour elle comme les criminels-nés. Ils sont plastiques, si je puis employer cette expression, alors que les types criminels des catégories 1, 2 et 4 de la première division n’ont aucune plasticité, mais sont au contraire des incorrigibles.

Les traits particuliers que j’ai observés chez les criminels habituels de ce type me semblent être les suivants :

1° Les pervertis sont des individus dont le tempérament est indifférent ; ils ont pris l’habitude du crime dès leur enfance, ayant vécu avec des criminels ou ayant été en contact avec eux de bonne heure ; on peut dire d’eux qu’ils sont des criminels par éducation. Ils ressemblent aux pervertis sexuels, comme les criminels-nés ressemblent aux invertis. Ce n’est pas seulement chez les très jeunes enfants que l’éducation criminelle porte ses détestables fruits ; elle produit des effets chez les jeunes gens, qui imitent volontiers les mauvais exemples ; l’influence des mauvais camarades est pernicieuse ; elle constitue le facteur le plus important du développement de la criminalité juvénile dans les grandes villes.

2° Les débiles, - j’emploie ce mot faute d’une meilleure expression - sont caractérisés par le manque d’énergie physique ou morale. Je les diviserai en deux variétés, selon que le fonds de leur nature est essentiellement vicieux ou qu’il est bon ou indifférent.

La criminalité de la première variété peut se développer spontanément, sous l’influence combinée de la débilité morale et de la paresse ; on rencontre, dans cette classe, des cambrioleurs de second ordre, des voleurs à la tire, des souteneurs; je parle du souteneur professionnel, non du souteneur qui combine la grande criminalité et le vagabondage spécial.

La seconde variété comprend les débiles proprement dits ; ce sont des individus faibles, lâches le plus souvent, qui subissent aisément l’influence d’autrui. Ce ne sont pas des abouliques, car l’aboulique a rarement l’énergie minima nécessaire à l’accomplissement d’un acte délictueux ou criminel; ce sont des débiles. Ils ont, en général, de mauvais penchants et sont enclins à. la débauche, au jeu, souvent à l’ivrognerie. Ils sont faciles à entraîner par de mauvais conseils, de mauvais exemples (imitation). L’influence d’une maîtresse exigeante ou criminelle est une cause fréquente de l’évolution de la criminalité acquise chez ces individus.

Ils présentent presque toujours des signes de dégénérescence et ont une hérédité chargée.

La dernière variété des criminels d’habitude acquise est fort intéressante au point de vue psychologique ; je les appelle des excités, sans attacher un sens pathologique à cette expression. Le nombre de ces excités s’accroît constamment, sous l’influence de plusieurs facteurs, dont les principaux sont l’alcoolisme, les réunions publiques, la presse et les groupements corporatifs.

L’impunité ou l’insuffisance de la répression joue un rôle considérable dans le développement de cette criminalité spéciale, qui est un phénomène social digne d’attirer l’attention. Une de ses manifestations historiques est le crime politique. Il y a eu des conspirateurs incorrigibles, toutes les fois que des exécutions capitales ne mettaient pas un insurmontable obstacle à la récidive.

Aujourd’hui, cette criminalité revêt des aspects différents, suivant les pays ; la Russie en offre des exemples contemporains, difficiles à bien connaître. La France actuelle, grâce à la liberté dont nous jouissons, permet d’en observer quelques uns ; la presse compte, à côté d’écrivains honnêtes, qui forment heureusement la majorité, un certain nombre de délinquants d’habitude, pour lesquels la diffamation est une profession ; la loi de 1881 a favorisé le développement de cette variété de la criminalité habituelle, en rendant difficile, et quelquefois pratiquement impossible, la poursuite des diffamateurs.

Mais c’est surtout dans les crimes et délits relatifs au travail que l’on observe des phénomènes sociaux intéressants ; c’est à leur occasion que se justifient plus particulièrement les considérations étiologiques indiquées plus haut. Sous l’influence de doctrines extrêmement naïves, on en est arrivé à considérer, dans certains milieux, le travail manuel comme la seule forme véritable du travail ; l’intelligence qui organise une industrie ou une maison de commerce, la science qui perfectionne l’outillage et les méthodes de la production disparaissent à côté de la main-d’œuvre qui assure la réalisation matérielle du produit. Le capital, qui permet le paiement régulier des salaires, avant toute vente des produits, l’établissement coûteux de l’usine, le transport des marchandises, le crédit aux acheteurs, et qui supporte seul les pertes, est tenu pour l’ennemi du travail manuel. Il s’est ainsi formé dans une partie du monde ouvrier une mentalité spéciale que le Dr Gustave Le Bon a très finement analysée. (La Mentalité ouvrière, «L’Opinion», n° 35, 12 septembre 1908.) Cet état d’esprit est entretenu et développé par des organisations puissantes, dirigées par de véritables fonctionnaires, qui sont sans doute de bonne foi, mais qui ne connaissent que très imparfaitement le problème dont ils prétendent avoir trouvé la solution dans la suppression du capital.

Les efforts que font les ouvriers pour obtenir des salaires plus élevés, pour avoir plus de liberté et d’indépendance, sont légitimes ; le prolétariat obéit à une loi historique en cherchant à partager le bien-être des riches ; sa lutte contre le capitalisme rappelle à certains égards la lutte séculaire de la plèbe romaine contre le patriciat. Ce qui est particulier à notre époque et à notre pays, ce n’est pas l’existence de revendications, condamnables dans ce qu’elles ont d’exagéré et de chimérique, mais naturelles et justes dans leur principe ; c’est l’indulgence dont jouissent ceux qui les appuient par la violence. Cet état de choses a développé depuis quelques années une classe particulière de délinquants d’habitude, ceux qui commettent des entraves à la liberté du travail.

Parmi eux, les moins dignes d’intérêt sont ceux qui poussent les ouvriers à la violence en temps de grève ; on les a désignés du nom de gréviculteurs, et l’expression est heureuse. On retrouve toujours ces personnages dès qu’un conflit entre patrons et salariés se produit. Je les crois sincères dans leur dangereux apostolat, et c’est pour cela que je les classe sous la rubrique des excités ; ils sont pourtant autant des excitateurs que des excités et leurs discours comme leurs écrits déterminent dans la foule ouvrière des états d’esprit collectifs, causes d’excès que leurs auteurs ne commettraient probablement jamais s’ils étaient laissés à. eux- mêmes.

Il est assez difficile d’étudier la récidive chez ces délinquants, à cause des amnisties périodiques dont ils bénéficient.

Les anarchistes, les antimilitaristes, les antipatriotes me paraissent devoir être également rangés dans cette catégorie des excités ; beaucoup d’entre eux ont des stigmates de dégénérescence. Ils semblent former, au point de vue anthropologique criminel, un groupe de transition entre les criminels d’habitude proprement dits et les criminels d’occasion.

Il faut toutefois reconnaître, pour être de bonne foi et pour conserver le scepticisme nécessaire dans la science, que l’analyse de certaines variétés de ce type criminel soulève un grave problème de philosophie sociologique. J’y ai fait allusion en traitant de la criminalité rétro ou antérograde.

L’étude du criminel d’occasion fera l’objet d’une publication ultérieure.
Elle est suivie d’un tableau récapitulatif des différents types de criminels.

Signe de fin