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RÉCIT D'UNE AGRESSION PAR SA VICTIME

Un journaliste de TF1 agressé dans un parking
(Propos recueillis par E. Galiero pour TV Magazine, 16 mai 2004)

« Nous revenions, avec ma femme, de la projection du téléfilm Suzie Berton à laquelle Line Renaud nous avait invités. Nous avions passé la soirée avec tous les plus grands flics de France », se souvient J-C N... .

Légèrement marqué au visage, le journaliste de TF1 raconte les circonstances de l’agression dont il fut victime ce mercredi 28 avril, après avoir garé sa voiture chez lui à Courbevoie.

« J’ouvre la porte pour prendre mon attaché-case et, soudain, trois ombres immenses me tombent dessus en me disant "bouge pas ou on va te percer"... ça commençait bien ! ».

Plaqué au sol, J-C N... ne voit aucun visage. Les agresseurs ont la tête recouverte par des capuches de jogging. Il sent alors une main qui le bâillonne et une voix réclame les numéros de cartes bancaires. Le journaliste livre de faux chiffres mais les hommes font seulement mine d’aller vérifier. Dans le mouvement, les clefs de la Mercedes restent cachées sous un imperméable au niveau de la banquette arrière. Le ton monte. Les voyous menacent de jeter le journaliste, qu’ils reconnaissent, dans le coffre de la voiture s’il ne livre pas les clefs. En réaction, ne pouvant supporter l’idée d’être enfermé, J-C N... se débat. Le contact est violent. « Qu’est-ce que je vous ai fait ? » lance-t-il, hors de lui. La réponse à l’accent prononcé surgit : « Je n’ai pas de boulot, j’ai besoin de thunes. »

Dans la bagarre, l’agressé est blessé à la tempe et au nez. « C’est terrible », explique le journaliste. « II y a les gestes, la menace du cutter mais également les insultes et les menaces de mort… pour une voiture. J’ai pensé qu’il allait se passer quelque chose de dramatique, j’ai lutté et finalement cela m’a sauvé car ils ont perdu du temps jusqu’à ce qu’une voiture entre dans le parking ». Plaquant leur victime à l’arrière du véhicule qu’ils verrouillent, les trois hommes prennent enfin la fuite sans attendre. Il est une heure du matin.

« Cela m’a rappelé certains moments de tension que j’ai pu vivre, notamment durant la guerre d’Algérie. Des voix sourdes et des mots puissants. Un grand stress qui n’est pas de la peur. Et une telle violence ! ».

Jusqu’à cinq heures du matin, la police municipale et la police judiciaire sont sur les lieux, accomplissant un « travail extraordinaire ». Dès huit heures, le téléphone sonne : c’est le ministre de l’Intérieur, D... de V... qui, en personne, prend des nouvelles. Les appels de soutien et les marques d’affection sont nombreux.

« Je ne tire aucune conclusion ; mais quand je pense qu’il y a deux ans, des donneurs de leçons accusaient la rédaction de TF1 d’avoir exagéré le niveau de violence dans ce pays. Je savais qu’elle existait mais maintenant, je l’ai vécue. je ne souhaite à personne ce qui m’est arrivé ». Le journaliste, qui a connu d’autres situations plus pénibles encore, ajoute cependant : « Ce sont les mêmes qui agressent les personnes âgées dans la rue pour voler leur argent. C’est une criminalité intolérable qui ne s’explique pas par un besoin de survie. Il faut éradiquer cette violence devenue insupportable ».

Signe de fin