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DICTIONNAIRE DE DROIT CRIMINEL
Dictionnaire des noms propres

- Professeur Jean-Paul DOUCET -

Sur l’importance du rôle social des auteurs évoqués ci-dessous, voir notre étude :
La doctrine est-elle une source du droit ?

Lettre  Y

St YVES

Cf. Maât*, Saint-Louis*, Thémis*.

Signe Renvoi rubrique Une de ses représentations : Statue de Saint-Yves en majesté

Signe Renvoi rubrique Vie et caractère de Saint-Yves (Texte proposé par M. Jean-Louis Charvet)

Signe Renvoi rubrique Prière à Saint-Yves (enclos paroissial de Guimiliau)

Saint-YvesPatron des juristes d'une grande partie du monde, Saint Yves est né à Kermartin en Bretagne en 1253 ; il est mort à Louannec en 1303. Après des études de droit à Paris puis à Orléans, il siégea quelque temps à l'official de Rennes, où il se distingua par ses vertus. L'évêque de Tréguier le fit revenir dans son diocèse, l'ordonna prêtre et lui confia la cure de Trédez.
Il fit du manoir familial un lieu d'asile pour les malheureux. Les qualités qu'il montra dans l’exercice de son ministère et comme défenseur des plus démunis lui valurent le titre glorieux d’« Avocat des pauvres ». Il est traditionnellement représenté entre un riche arrogant, la main posée sur une bourse ventrue, et un pauvre déférent, tenant respectueusement son chapeau à la main.

Ci-contre :
Saint-Yves entre le riche et le pauvre
Vitrail réalisé en l'an de grâce 1992
par l'atelier de Troguern au Bono
Photo J-P Doucet

Signe Doctrine Le Mappian (Saint Yves, patron des juristes) : La vie saint Yves se déroule durant la seconde moitié du XIIIe siècle, à l’un des plus grands moments de l’histoire du droit. L’humanisme médiéval est alors à son apogée. Les théologiens donnent de l’homme une merveilleuse définition : personne créée à l’image de Dieu, appelée à s’élever à des degrés toujours plus hauts de liberté. Un droit nouveau se forme, inspiré par cette notion de l’humain : l’équité canonique, synonyme de miséricorde, assouplit la rigueur des solutions romaines. La mission historique de saint Yves aura été de traduire en actes les leçons ainsi données dans les écoles de la chrétienté.

 

Signe Doctrine Paul Guérin (Vie des saints) : Né de parents également illustres et vertueux, en 1253, près de Tréguier, dans la basse Bretagne, Yves Hélory fit ses études à Paris. A l’âge de vingt-quatre ans, il alla à Orléans apprendre le droit civil, sous le fameux jurisconsulte Pierre de la Chapelle. Sa mère absente le dirigeait par ses lettres ; elle lui répétait souvent qu’il devait vivre de façon à devenir un saint. « C’est bien le but où je tends », répondit-il. Cette pensée : Il faut que je sois un saint, le portait puissamment à la vertu, et l’éloignait de tout ce qui avait l’apparence du mal.
Ayant embrassé l’état ecclésiastique, Yves remplit à Rennes et à Tréguier, qui était alors un évêché, la charge d’official. Sa qualité de juge ne l’empêchait pas, selon l’usage de ce temps, de plaider devant les autres cours et tribunaux. Il se signala au barreau de Paris, sous le règne de Philippe le Hardi, et mérita le glorieux surnom d’avocat des pauvres.
À Tours, il trouva dans une grande consternation l’hôtesse chez laquelle il avait coutume de loger : deux voleurs, qui se faisaient passer pour des marchands, lui avaient confié en dépôt une valise qui contenait, disaient-ils, douze cents écus d’or et des papiers importants. Ils convinrent avec elle qu’elle ne rendrait la valise à l’un d’eux qu’en la présence de l’autre. L’hôtesse, sans vérifier le dépôt, en donna une reconnaissance, et, quelque temps après, eut l’imprudence de la rendre à l’un des deux prétendus marchands, qui avaient imaginé entre eux ce moyen d’escroquerie : l’autre la cita en justice, réclamant des dommages-intérêts. Yves, qui se chargea de plaider pour cette veuve désolée, dit que la dépositaire était prête à satisfaire le demandeur et à lui rendre la valise ; mais, aux termes de la convention, c’est-à-dire en présence des deux déposants. Le tribunal adopta cette conclusion. Surpris par cette sentence imprévue, le demandeur change de visage, se trouble ; on soupçonne un voleur, on l’arrête, on l’interroge ; il avoue que la valise ne contenait que de vieux clous et de la ferraille : il est condamné comme escroc.
Nommé successivement curé de Trédrez et de Lohannec, Yves fut le modèle des pasteurs, comme il avait été celui des juges et des avocats. Il mourut le 19 mai 1303. Clément VI le canonisa en 1547. On l’honore le 19 mai. Les hommes de loi de plusieurs nations l’ont choisi pour leur patron.

Signe Doctrine Cadiet et Damien (Dictionnaire de la Justice) v° Saint-Yves : Dès le début du XIIIe siècle, l'Église a vouu que de véritables procès de canonisation aient lieu, et celui de saint Yves est l'un des premiers. Il est mort le 13 mai 1303 et son procès a débuté le 26 février 1330. On procéda à l'audition de 243 témoins, dont 52 sur sa vie proprement dite, qui aboutirent à sa canonisation... En 1884 Arthur de la Borderie découvrit une copie intégrale du procès à la bibliothèque de Saint-Brieux où il avait été oublié. Tous les témoins nous le décrivent ne mangeant que du pain bis, des pois, des fèves, des légumes sans sel, ne buvant jamais de vin, distribuant sa nourriture aux pauvres... tandis que pour sa part, il couchait sur un lit de panches.

Signe Exemple concret Fragment d’un psaume trouvé dans un ancien bréviaire de Vannes :
Sanctus Yvo erat Brito advocatus et non latro : res miranda populo
(Saint Yves était breton et avocat, mais pas voleur : chose prodigieuse aux yeux du peuple).

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